lundi 27 octobre 2008

Port Vila II, bonheur, simplicite et rencontre

Quand l'avion se pose je vais prendre un bus pour Malapoa, le quartier de Marcel. Il m'avait dir de venir directement quand j'arriverai de l'avion. J'obeis mais n'ai pas pu le prevenir comme entendu. Le bus me depose au bord de la route et je monte vers la maison avec mon gros sac surle dos. Les gens doivent etre un peu surpris de voir un touriste ici mais ils repondent a mon salut. Quand j'arrive Marcel n'est pas la mais Marie m'a reconnu et avec un large sourire va avertir sa mere. Il est alle marcher me dit sa femme, il marche tout le temps. Elle appelle Sabrin,la soeur de Marcel pour qu'elle le previenne. J'attends assis sur le banc avec Marie qui vient me voir. J'adore cette petite, elle a un joli sourire et un regard coquin. Marcel arrive enfin, il est tres content que je sois la. Pour m'accueillir il va cueillir des noix de coco que nous partageons avec tous les enfants qui viennent jouer aux balancoires devant chez eux. Marcel me dit qu'ils sont venus me voir parce que certains d'entre eux n'ont jamais vu de blancs ici. C'est vrai que les plus petits me devisagent sans trop savoir ce que je fais ici. Un d'eux completement nu me fixe du regard, il a les cheveux dresses sur le crane en une pointe que leur couleur orange fait paraitre comme une flamme sur sa tete. Une fois les cocos videes de leur contenu il faut encore les casser pour manger la fine pulpe de l'interieur. Les enfants se regalent avec cette friandise et s'en mettent de partout. L'ecorce de ces noix est tellement fine et tendre que certains croquent directement dedans a mon grand etonnement. Marcel me presente son fils, Jean-Paul, que je n'avais pas vu la derniere fois car il etait a l'ecole. Cette semaine Marcel n'apas l'argent pour lui payer le bus jusqu'a l'ecole alors Jean-Paul reste a la maison. L'autre enfant de la famille c'est Georges, un garcon de deux ans, fils d'une soeur de Marcel qui enseigne sur Tanna mais que les grands parents et la oeur cadette gardent. Georges n'a que deux ans mais il a une stature imposante : il est aussi grand que son cousin d'un an son aine et pese 15 kg ( c'est la mesure qui a ete faite a l'hopital la derniere fois ). De plus Georges est un fonceur, quand il veut la place a la balancoire il part en courant et en riant et pousse celui qui est dessus jusqu'a obtenir ce qu'il veut. C'est pour ca que Sabrina l'a surnomme "Georges le plus costaud". Et Georges entretien tres bien son gabarit car il mange souvent et pioche dans l'assiette de ses cousins qaund ils tournent le dos. Et Georges se rappelle qu'a mon precedent passage il jouait avec ma montre. Son grand pere a beau lui dire d'arreter de m'embeter mais il reveint toujours a la charge. Ca ne me derange pas, c'est pa mechant, il ne fait que faire sonner la montre en appuyant sur les boutons. La mere de Marcel me prepare une chambre.J'ai droit a un lit sur pied alors que la plupart de la famille dort sur des nattes a meme le sol. Ca me gene un peu toute cette attention mais c'est leur facon de m'accueillir je ne veux pas les contrarier. Pour le midi nous mangeons tous separes et pas forcement en meme temps. Je ne suis qu'avec Marcel sur le banc sa soeur mange un peu plus loin devant sa chambre et son pere mange plus tard. Marcel fait la priere avant de manger, je ne suis pas habitue et je repose ma fourchette. Ensuite il faut faire la sieste, je m'allonge sur mon lit et feuillette le guide de la Thailande. Marcel s'allonge sur un matelas a cote. Il ne travaille pas aujourd'hui et de toute facon il a change de travail. Il est toujours dans la meme entreprise de securite mais travaille de nuit quatre nuits par semaine et se repose les trois jours suivants. Ce soir il veut m'amener boire le kava, une boisson traditionnelle ici et dans quelques autres iles du Pacifique sud. Pourle moment nous descendons en ville chercher les affaires que j'avais laissees a l'hotel. J'essaie de retirer de l'argent mais ne peux retirer qu'une toute petite somme. Il doit y avoir un probleme avec ma carte. Nos remontons poser les affaires a la maison et prenons une douche. ils n'ont pas encore l'eau courante et la douche se fait en remplissant un seau dans le grand bidon qu'ils remplissent de temps en temps avec un tuyau, puis avec un petit pot on se verse l'eau dessus a l'abri des regards derriere une bache de plastique tiree entre quatres piquets de bois. Que demander de plus, ca suffit pour etre propre. c'est vrai que quand il s auront l'eau courante et l'electricite ce sera plus confortable et ils pourront louer les petites maisons qu'ils possedent un peu plus cher. Nous descendons au nakamal : l'endroit ou on boit le kava. Le kava est une boisson obtenue par broyage d'une racine additionnee d'eau. Apres quelques heures de maceration et filtrage la boisson est prete. Coutumierement la boisson est reservee aux hommes maries mais aujourd'hui sur Efate certaines femmes en boivent. Marcel m'explique que sur Tanna la racine est machee et non broyee. J'ai donc le droit de gouter cette boisson qui se sert maintenant aux touristes dans de nombreux endroits en ville. Dans ce nakamal de quartier je suis le seul etranger. J'ai lu que cette boisson avait un aspect de vase et un gout pas terrible de plus la racine a un effet anesthesiant et calmant. C'est le bon cote de la chose qui contrairement a l'alcool ne provoque pas de violence. J'ai demande a n'avoir qu'une demi dose parce qu'en plus il faut le boire cul-sec. CommeMarcel me l'a explique et comme je le vois faire pas les autres je m'isole pour aller boire mon kava. Il fait presque nuit et il n'y a pas d'eclairage mais je peux voir le liquide verdatre au fond du bol quand je l'approche a mes levres. J'avale le contenu en deux gorgees. Ca brule un peu la gorge et c'est vrai que ca fait un peu comme une anesthesie, ca me rappelle l'anesthesie que j'avais eu quand l'ORL avait passe une camera dans ma narine mais ca n'est pas aussi mauvais que ce que je croyais. Et en plus le bon cote de la chose c'est que meme si les femmes n'ont pas trople droit d'en boire elles ont prepare quelques trucs pour mange juste apres. Ca leur permet de se faire un peu d'argent pour acheter le savon m'a dit la mere de Marcel et elles mettent meme une part des recetteschaque soir pour permettre d'ameliorer le nakamal. Un jour ils comptent mettre la lumiere. Le nakamal n'est pas non plus un simpleendroit ou boire le kava c'est avant tout un lieu de rencontre ou les gens viennent parler et se retrouver, un peu comme les bars chez nous a part que c'est beaucoup plus calme. Ils reussissent a me faire avaler le breuvage a trois reprises. Il faut dire que la perspective de manger un bout apres me motive bien. Le manioc lap-lap cuit dans la feuille de bananier est tres bon accompagne de petite brochettes ou boulettes de viande. Je ne comprends pas bien pourquoi ils boivent ca parce qu'apparemment personne n'en appreciele gout puisqu'ils prennent de l'eau juste apres ou vont manger un bout. Et de partout on entend renacler et cracher. Thomas, le pere de Marcel, me dit que ca aide a apaiserles soucis, avoir les idees claires et a dormir. Certains qui ont abuse du kava marchent un peu comme des zombis. Personnellement je ne sens aucun effet. C'est vrai aussi que je n'ai bu que trois demi doses. Nous rentrons manger. Je montre les photos de Nouvelle-Zelande de Tahiti et quelques unes d'amerique du sud que jen'ai pas efface de la carte memoire a Marcel et ses deux soeurs ( Ginette qui travaille en ville vient juste d'arriver ). Avant de se coucher Marcel dit une priere pour moi en Bislama, nous dormons dans la meme chambre. Le lendemain matin je me reveille vers 6h30, les enfants sont deja reveilles et jouent dehors. Ce matin Marcel me mene sur le petit ilto de Ifira d'ou est originaire sa mere. C'est un ilot juste en face de Port Vila avec environ 700 habitants qui possede egalement sa propre langue dsitincte des autres. C'est un ilot coralien sans trop de terre et du coup la culture y est un peu plus difficle qu'ailleurs. Marcel me montre la maison de son grand pere et me presente a quelques membres de sa famille. Nous retournons en ville, je dois acheter des piles car toutes mes piles rechargeables sont vides et impossible de recharger dans les jours qui viennent. Nous en profitons pour acheter quelques trucs a manger. Nous prenons quelques photos de famille et avec les enfants du quartier et deja les nouvelles piles commencent a clignoter elles etaient vraiment pourries. Apres manger nous partons promener avec Jean-Paul qui me tient la main et Georges qui tient celle de son oncle. Nous allons jusqu'a la plage de black sand qui comme son nom l'indique est faite de sable noir. Nous traversons des petits villages avec des maisons assez sommaires. La plupart sont alimentees en eau par un puis dont Marcel me montre le fond. L'eau n'est pas tres profond, 4 ou 5 metres seulement. Souvent les gens demandent a Marcel ou nous allons. Pas besoin de parler, un petit sifflement ( comme ils ont l'habitude de faire ) un hochement de tete pour questionner et quelques signes de la main pour repondre et tout le monde s'est compris. J'avais remarque qu'ils se parlent beaucoup pa rel regard et les gestes comme en Polynesie. Un hochement des sourcils suffit pour dire bonjour et j'ai vite pris le coup, ca evite de dire halo ( bonjour en bislama ) a tout bout de champ. Nous remontons un peu avant 4 heures. Marcel est oblige de porter Georges sur la fin du parcours car celui-ci est creve, il n'a pas voulu faire la sieste pour nous accompagne et a bien marche mais maintenant il s'endort dans les bras de son oncle qui peine un peu a le porter. Vers 16h Marcel part travailler, je l'accompagne et descends en ville. C'est samedi apres midi et le marche est ferme ainsi que beaucoup de magasins et les rues sont calmes. Je passe par le peche mignon pour voir si Romuald est la et lui passer le bonjour de Francis mais il n'est pas la. Tant pis. En sortant le gars de la securite du magasin d'a cote a envie de parler un peu et m'interpelle. Il est francophone et travaille dans la meme boite que Marcel. Nous discutons cinq minutes. Ensuite j'essaie de voir si ma carte marche, mais en vain. J'irai changer quelques dollars pour etre sur d'avoir assez d'argent pour finir le temps qu'il me reste. Je passe quelques minutes sur internet. En ressortant j'entends un sifflement de l'autre cote de la route, je me retourne, c'est le vigile qui me salue et me demande ou je vais avec des signes. Je lui reponds de la meme maniere que je vais vers le jeu de boule. Je suis tout content, j'ai l'impression d'etre adopte ici. Je pense que presque tout le monde se connait et peut etre qu'il habite dans le meme quartier que Marcel et qu'il m'a vu au nakamal. Moi dans le noir je ne reconnais pas tout le monde. Je continue mon chemin pour voir si je trouve paul VI etv faire enfin une partie de boules mas tout a l'heure le terrain avait l'air desert. En passant je m'achete une glace et passe par le bord de la jetee, c'est toujours plus agreable de marcher pres de la mer qu'au bord de la route. En face de moi une fille essuie une larme, comment est-ce qu'on peut pleurer ici? Mais je la connais cette fille! J'ai plutot l'habitude de la voir avec un grand sourire sur ses photos mais c'est bien elle.
-"Ulla?". Elle me regarde etonnee
"Oui".
"Bonjour. Grigori"
Et la le grand sourire revient, elle s'essuie les yeux. Elle vient de quitter un ami tres cher avec qui elle a passe pres d'un an et demi sur son bateau et du coup l'emotion est montee jusqu'a ses yeux. Elle est toute etonnee de me trouver ici. Moi je ne suis plus vraiment etonne de rencontrer des gens mais c'est vrai que c'est un peu une surprise, je la croyais en Papouasie. Elle en vient et est arrivee hier. C'est dingue comme le monde est petit quand on voyage. Quoi je l'ai deja dit? On marche un peu sur la jetee en discutant et on s'assoie pour regarder le coucher de soleil. malheureusement il y a encore une bande de nuages juste au dessus de l'horizon. Ces nuages quand ils sont en bande il faut toujours qu'ils se mettent au milieu! Nous discutons comme deux copains qui se connaissent depuis longtemps, de mon voyage, de ses projets. Elle vient d'etre engagee par le National Geographic France pour un reportage. Elle part demain pour Tanna pour dix jours. C'aurait ete encore plus dingue qu'on se croise dans la foret de Tanna! Nous ne parlons que 3/4h environ, elle doit retrouver un ami vulcanologue qu il'accompagne et moi j'ai rendez-vous avec Thomas au Nakamal. Nous nous separons donc comme si de rien n'etait. Mince! Je viens de rencontrer celle grace a qui je suis parti et grace a qui je suis la et j'ai oublie de la remercier. J'etais peut-etre plus etonne que je voulais le faire croire. Je voulais aussi lui poser quelques questions mais j'ai tout oublier. Tant pis ce sera pour la prochaine fois quelque part sur la planete... Pour ne pas etre en retard je prends un bus jusqu'au nakamal. Je discute un peu avec Thomas et un jeune francophone etudiant en electricite. Thomas me dit que quelques jeunes voudraient me parler mais qu'ils n'osent pas. Ils n'ont pas tous les jours l'occasion de parler francais vu qu'entre eux ils emploient le bislama et du coup ils ne sont pas sur de leur francais. C'est un peu le probleme du monde, la difference des langues et la peur des gens de s'approcher. Je connais bien ca. Ce soir le kava m'a fait un peu plus d'effet, les trois demi doses me font un peu tourner la tete quand nous rentrons en compagnie de la mere de Marcel. Pendant la nuit la chienne de la maison se met a aboyer pour rien, comme tous les chiens du voisinage. Je me leve pour la faire taire mais elle recommence presque aussitot. Les injonctions de Thomas n'auront pas plus d'effet et le manege dure plus d'une demi heure. Apres je ne sais plus si elle s'est tue ou si je me suis endormi avant mais je dors jusqu'a 6h30. Pendant que Marcel se repose je descends en ville pour voir si le magasin de photos est ouvert pour faire imprimer les photos prises la veille mais il est ferme. Les rues sont encore plus mortes qu'hier soir, je change 10 dollars qui me restent du Panama. De retour j'entends des gens chanter dans une chapelle, ils dansent meme, on dirait du gospel. Ca c'est le genre de messe qui pourrait me plaire. Aujourd'hui c'est dimanche et la radio joue a fond a la maison, nous mangeons en musique. Apres le repas je finis de preparer mon sac. Marcel est triste que je parte. je lui offre mon livre du "petit prince" en francais et une lampe a dynamo que j'avais avec moi. Ils feront des economies de bougies comme ca. Mais du coup je le sens gene, il n'a rien a m'offrir et je dois lui repeter plusieurs fois que son accueil est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire. J'ai passe deux journees super avec eux et les enfants. Nous partons avec Thomas pour l'aeroport vers 15h45. Marcel nous laisse en route, il doit aller travailler. Thomas reste avec moi jusqu'a ce que j'embarque. Une ecole de Nouvelle-Caledonie rentre aussi a Noumea. Ca pourrait etre anime dans l'avion.








PS : l'adresse du site de Ulla. www.ullalohmann.de

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidemment, ce coin du monde te va comme un gant ! Serais-tu capable d'y vivre ? Et quelle rencontre... pourquoi ne pas la retenir ? Il faudra bien que tu arrives à la vaincre cette fichue timidité. Si tu veux, tu peux, tu nous l'a démontré depuis 9 mois.
Quels magnifiques souvenirs et quel accueil, tes hôtes sont vraiment très gentils et accueillants. Tes parents les remercient.
Mam

Anonyme a dit…

Cool cette nouvelle aventure !! :o))
Encore un coin sympa, nous nous demandions avec Mathilde quelle serait notre prochaine destination, mais à chaque page du blog je me dis que ce coin du monde doit être sympa !! Tu ne nous aides pas à décider !! Alors la miss Ulla, aussi mignonne à Port Vila que sur les îles d'Hyères ?
J'espère que tu lui as passé le bonjour de ma part, mais dis moi, tu ne l'avais jamais rencontré que par mail non ?
Continue bien ton périple, une bouteille de tort boyaux t'attends ici au chaud !! Tu deviens un homme mon fils :o))
Thieu

Grigo a dit…

Effectivement Matthieu, je n'avais jamais rencontre Ulla et je ne sais pas a quel point elle etait charmante sur Hyeres, mais j'ai ete charme de la rencontrer. Mais je dois faire attention a ce que je dis des fois qu'elle lise ce message;-)
Nous avons parle de toi ( de vous )d'ailleurs, en bien bien entendu.
Le Kava n'est pas de l'alcool je le repete.