dimanche 26 octobre 2008

Port resolution


Je pars vers 9h avec mon gros sac sur le dos Au bout de quelques dizaines de metres, un jeune qui etait assis avec un groupe d'autres hommes vient me voir, se presente et m'explique le chemin a suivre en le tracant sur le sol avec sa machette. "A gauche, a droite et encore a gauche, c'est pas complique".
-" je peux emporter le plan?" Il eclate de rire. Un peu plus loin c'est un autre garcon, le plus vieux d'un groupe d'enfants qui m'accompagne quelques pas le temps que nos chemins se separent. Il part dans la foret pour prendre un raccourci. Les enfants aux abords des villages ne saluent et m'interpellent parfois, les gens me sourient. Ca fait plaisir de voir des gens qui ont l'air heureux. Les manguiers sur le bord du chemin sont remplis de fruits qui pendent en grappe que des enfants essaient de decrocher en lancant des pierres ou des batons. Au bout d'un moment je ne traverse plus de village mais des bruits dans la foret et des vaches au bord de la route trahissent la presence d'habitants. Il commence a faire chaud et la sueur vient me piquer les yeux. J'arrive en vue de Port Resolution un peu apres 11h. C'est une magnifique baie ou les abteaux peuvent s'abriter. C'est justement James Cook ( encore lui ) qui a donne le nom de cette baie. Il etait venu voir quelles etaient ces lueurs qu'il voyait au loin et a donne le nom de son bateau a cette baie abrite des vents. c'est aujourd'hui un port d'entree au Vanuatu et il faut ensuite traverser toute l'ile en 4*4 pour les formalites douanieres. J'arrive au yacht club bungallow une demi heure plus tard, il est situe tout au bout du chemin et offre une vue magnifique au dessus de la baie d'en haut des falaises. Je prends un petit bungallow, c'est a peine plus cher que le camping et tellement plus confortable. Je commence a vraiment m'embourgeoiser moi. Pour les repas il faut prevenir un peu a l'avance si on veut manger sinon il n'y a pas de problemes. Il est un peu tard et du coup je decide d'aller voi rce petit magasin que j'ai vu en passant. Malheureusement la femme n'a que trois grosses papayes, quelques oignons et des bananes pas encore mures a m'offrir. Je pensais trouver un peu de pain ou des boites de conserves mais apparemment il n'y en a pas ici. L'autre magasin etant ferme, la dame est au jardin, je me contenterai de quelques tranches de pain d'epice et d'un peu d'eau que je mange sur un rocher au bord de l'eau. Je regarde un moment les gobies accroches aux rochers hors de l'eau. C'est amusant de les voir sauter sur les rochers. Ils semblent brouter la fine pellicule d'algue qui recouvre les roches noires volcaniques. Ce ne sont pas des periophtalmes mais ils doivent faire partie de la meme famille ( Julien, Matthieu c'est a vous! ). Dans la foret de l'autre cote on peut voir s'elever des fumees qui temoignent de la presence d'eaux thermales chaudes. Je discute un peu avec un couple nippo-canadien dans le bungallow juste a cote de moi. Aiako et Jeffrey sont les seuls clients a part moi, ils sontla pour quelques jours. En fin d'apres midi je me decide a aller chercher ma canne a peche. Ca fait plus de 7 mois que je me la traine et je ne l'ai toujours pas utilisee. En remomntant je croise Werry, le proprietaire du yacht club qui descend une lance a la main. en redescendant je le vois poste sur un rocher torse nu. Il attend qu'un poisson passe pour se jeter a l'eau et le harponner. Je vais un peu plus loin pour ne pas le deranger. Au bout d'un moment il remonte. Je n'ai pas reussi a attraper de crabe pour appater alors je peche a la cuillere. Ca ne marche pas trop. Je decide de changer de cuillere. Au premier lancer j'attrape un petit poisson tachete de brun, il n'est pas tres gros mais pourra servir d'appat. Je le garde. Decidement les poissons ne sont pas interesse par mon leurre. J'accroche donc le poisson avec deux hamecons ( num 8 je pense ). Je lance l'appat le plus loin possible et a peine est il tombe a l'eau qu'un gros remous agite l'eau a cote. Le fil part j'essaie de ferrer mais ca decroche, autre remous qui suit. Je sens encore quelquechose au bout mais ca lache a nouveau. Troisieme attaque, cette fois ca y est le poisson est accroche. D'un bond il saute hors de l'eau : il est long, fin, la tete prolongee par une machoire pointue, ce doit etre une orphie ou quelque chose dans le genre. Le poisson part a tout vitesse vers la droite emportant une vingtaine de metres de fil. J'essaie de maitriser le frein du moulinet en appuyant avec le doigt sur la bobine. Il ne faudrait pas qu'il me prenne trop de fil. Mais le poisson tire fort. J'essaie maintenant de le maintenir et de le fatiguer un peu pour pouvoir le ramener. Il se laisse un peu ramener vers moi. Toujours garder le fil tendu pour ne pas risquer de casser. J'ai recupere les vingt metres de fil mais le poisson repart, je laisse un peu filer puis le ramene a nouveau. J'arrive enfin a lui sortir la tete de l'eau. Sa longue bouche est garnie de dents pointues et il semble tres gros vu de pres. Il arbore des couleurs vertes sur le dessus du corps et ce n'est pas une orphie. Un Barracuda? Ouh la la comment je vais sortir ca de l'eau moi? Je suis sur un rocher a pres de deux metres au dessus de l'eau et mon fil ( 20 ou 22 centieme de millimetre ) n'y resistera pas si le poisson met un coup de queue. En plus j'ai le temps de voir que je le tiens sous l'oeil et pas dans la bouche. C'est certainement pour ca qu'il n'a pas coupe le fil avec ses dents. Le poisson aussi a du me voir et il replonge pour essayer de fuir. Cette fois je le laisse moins partir, je vais essayer de le sortir vite fait pour ne pas risquer la casse. J'essaie de le noyer en lui maintenant la tete hors de l'eau. Au bout de quelques minutes de lutte le poisson semble epuise et ne lutte presque plus. C'est le moment de reflechir a comment le sortir de l'eau. Werry a laisse un bambou avec une sorte d'anneau de liane au bout. Je vais essayer d'attraper la tete avec ca. J'essaie un peu mais ca n'est pas evident et je risque de m'emmeler dans le fil et de casser. La seule solution c'est de le rapprocher de la plagette en slalomant a travers les rochers en esperant qu'il n'aille pas se coincer sous une de ces pierres volcaniques abrasives qui auraient raison de mon mince fil. L'animal est epuise et j eprofite des vagues pour le rapprocher petit a petit du bord. J'arrive a le hisse sur la plage, il est a bout de souffle. Le combat a dure pres de 15 minutes. Je viens d'attraper le plus gros poisson de ma vie de petit pecheur. Maintenant reste a savoir s'il est comestible. Je depose le poisson assez loin de l'eau, fait une photo pour montrer a Werry et remonte. Werry est introuvable, je montre la photo a Jeffrey et Aiako. D'apres eux ca doit etre comestible. Je prends un sac pour pouvoir decrocher le poisson sans risquer de me blesser avec les dents et redescend chercher ma prise. C'est un tres beau poisson au ventre blanc argent et au dos bleu vert, meme les dents sont bleues. Je le maintiens par l'arriere de la tete et le souleve. Quand sa queue touche a peine le sol la pointe de sa tete arrive au dessus de mon nombril ( soit 1,07 m ). Je suis tout content de moi et a la fois un peu triste d'avoir tue un si joli animal. J'espere juste qu'il est bon. Je trouve finalement Werry, lui explique que j'ai attrape un poisson un peu gros et d'apres la description il me dit que c'est une "grande bouche". Il y en a pas mal par ici, mais quand il voit l'animal il le trouve gros tout de meme. C'est tres bon a manger et il va le donner a sa soeur pour qu'elle le prepare pour ce soir. Bon plan. Je vais prendre une douche et vers 19h30 nous passons a table. Le poisson a ete bouilli, la chair est ferme, pas tres gouteuse mais pas mauvaise. Les aretes sont aussi bleu que l'etait le dos c'est bizarre. Le soir dans mon lit une reflexion du chat de Geluck me revient en memoire : "si tu offres un poisson a un homme il n'aura pas faim pendant une journee, si tu apprends a un homme a pecher il n'aura plus faim de toute sa vie, et si tu achetes un poisson a l'homme a qui tu viens d'apprendre a pecher tu es un con". Mais j'ai un autre morceau a rajouter, qu'est ce que tu es si tu payes un homme pour manger le poisson que tu viens de lui donner? Je dors tres bien cette nuit. Au matin je regarde la baie s'illuminer sous le soleil levant. Un homme passe en pirogue au dessous de moi. Il tient son fil de peche dans la bouche en meme temps qu'il rame. Sur les conseils de Jeffrey et aiako je vais a une autre plage a quelques centaines de metres. Ma peche d'hier ma bien motive et je vais essayer de pecher encore un peu. Je reussi a attraper deux crabes dans les rochers. J'accroche le premier et presque aussitot j'accroche une grande bouche, beaucoup plus petit que celui d'hier mais qui d'un bon hors de l'eau coupe la ligne. Les dents acerees ont eu raison de mon fil. Je crois que j'ai vraiment eu de la chance hier. Je decide donc de tresser une dizaine de centimetres de fil pour renforcer le bas de lignes. Deux ou trois fois je vois le buldo ( flotteur ) partir sous l'eau mais je n'arrive pas a accrocher de poissons. Mais le fil ne s'est pas casse. Je n'attraperai rien aujourd'hui et il commence a faire chaud. Je rentre manger et faire une petite sieste. Des jeunes essaient de pecher a l'epervier. La technique est marrante : un jeune est au bord de l'eau avec le filet et un autre regarde depuis le haut de la falaise pour lui indiquer ou sont les poissons. Un banc de mulets a queue bleue passent plusieurs fois mais jamais a portee du pecheur. Le jeune en haut de la falaise a aussi un arc qu'il utilise parfois pour pecher depuis une pirogue. Le soir alors que le soleil s'est couche je vois arriver de gros oiseaux au dessus de la baie. Tiens, c'est vrai je n'ai pas vu d'oiseaux marins ici, pas le moindre goeland ou la moindre mouette, enfin ils arrivent. Mais quand ils passent au dessus de ma tete je me rends compte que s'ils ont la taille d'un goeland leurs ailes n'ont rien a voir avec cet oiseau. En fait ce sont des roussettes, des chauves souris geantes qu'on peut manger dans certains restaurants et que les gens d'ici chassent parfois. C'est vraiment impressionnant, rien a voir avec le vol rapide des pipistrelles ou noctuelles qu'on connait en France. La ca ressemble vraiment a un gros oiseau. Toute une troupe de Batman. Le soir nous finissons le poisson. Cette fois il est frit.
Le lendemain matin Werry prepare une canne a peche que lui a laisse un marin de passage. Le yacht club n'est pas un yacht club comme on pourrait l'imaguner mais la plupart des bateaux qui viennent mouiller dans la baie passent par ici avant d'aller faire les formalites douanieres. En ce moment il y a six bateaux a l'ancre. Trois catamarans sont occupes par les 39 eleves d'une ecole de Poindimie en Nouvelle-Caledonie. Ils sont venus avec un chargement de toles ondulees pour la reparation d'une ecole francophone. Ils ont l'air de bien s'amuser. Tous les soirs on les voit se baigner et faire du canoe dans la baie. Un autre voilier est venu pour les formalites d'entree au Vanuatu, se sont des Suedois qui convoient un bateau pour la Nouvelle-Zelande. Le proprietaire, aussi sur le bateau, est un peu fatigue par des problemes gastriques. Je demande a Werry si je peux l'accompagner a la peche. Il accepte volontiers et nous traversons la baie en pirogue a balancier. La pirogue est taille dans un tronc d'arbre brut, elle est etroite et profonde mais on ne peut pas s'asseoir au fond, on est assis sur une des armatures qui soutiennent le balancier. l'eau au dessous de nous est tres claire, nous passons au dessus d'une patate de corail dont on peut apercevoir quelques branches rouges. Je me rends compte que je n'ai pas encore mis la tete sous l'eau et que je devrais le faire. Werry attrape quelques petits poissons pres des eaux chaudes qui s'echappent au bord de la plage. Je lui explique ensuite comment utiliser lancer avec sa canne, il n'a pas l'habitude du moulient mais il prend tres vite le coup. L'endroit n'est pas tres bien pour pecher, l'eau n'est pas assez profonde est trouble. Je m'eloigne un peu sur la plage et me rapproche d'une riviere qui vient se jeter sur la plage. Au bout de quelques tentatives j'arrive a attraper une grande bouche d'une soixantaine de centimetres. Ca peut paraitre long mais vu la morphologie de ces poissons ca ne fait pas beaucoup a manger. Deux garcons qui etaient assis sur la plage viennent me voir. Ils m'ont vu sortir le poisson et disnet etre content pour moi. Ils me regardent un moment mais malgre deux ou trois attaques je ne sors plus rien et enplus je n'ai plus d'appat. Je decide d'utiliser une partie de la grande bouche. Mais rien de plus. Je rentre manger et me reposer un peu. il fait chaud l'apres midi. En fin d'apres midi werry et moi pechons au dessous du yacht club. Un petit serpent d'eau passe a mes pieds. Un peu avant le coucher du soleil j'attrape une seiche qu isuivait mon appat. Werry vient en courant. "C'est bon pour pecher ca", il la decoupe en laniere. Quand il revient a sa canne une sorte de grosse Daurade rose est au bout de sa ligne. Le soir au repas nous avons droit a de la langouste. Je crois que je n'en avais jamais mange et j'ai bien aime. Juste apres le repas les deux suedois reviennent de voir le volcan et ils ont ete effraye par le spectacle. Une explosion a fait retomber les bombes volcaniques tout autour d'eux et ils ont eu tres peur. Ils trouvent que c'est tres dangereux d'amener des gens la haut. Leur guide leur a explique qu'il y a eu quelques accidents : une femme est morte il y a quelques anness transpercees au niveau de la poitrine par une bombe de la taille d'une boite d'allumette et un homme a ete ampute de la jambe suite a des brulures occasionnees par de la lave. Et oui, un volcan ca n'est pas non plus une attraction de Disney. Le lendemain j'ai reserve une place en quatre quatre pour retourner vers Linakel. Mais je ne sais pas trop a quelle heure je pars. Je me leve vers 7h, prepare un peu mon sac au cas ou et bien m'en a pris parce que werry m'annonce que le taxi vient nous prendre a 7h30. Juste le temps de dejeuner et finir mon sac et j'embarque avec deux accompagnateurs des enfants caledoniens qui partent faire les formalites d'immigration et le plein de gasoil. Nous nous arretons a l'ecole francophone. Le chauffeur, un jeune d'a peine 16 ans en profite pour regonfler une roue a la pompe. Un francais, ici en tant que je ne sais trop quoi arrive avec des ecorchures aux tibias. Ca n'est pas tres beau a voir, les mouches tournent autour des plaies et une des jambes est rouge et enflee. Les deux marins, qui le connaissent, l'alerte en lui disant qu'il faut qu'il se soigne rapidement a moins de risquer la septicemie. Le gard n'avait pas l'air tres inquiet et du coup revient avec une creme pour montrer a ses amis. Quand nous partons les deux gars se regardent et lui donnent trois jours avant d'etre rapatrie. Nous continuons vers Linakel.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Waouw !!
J'espère que dans ce site tu as pris de bonnes résolutions !!
Et finalement tu n'as pas mis la tête sous l'eau !! Ce coin avait l'air une fois de plus exceptionnel. félicitation pour tes talents de pêcheur, on peut dire que tu as l'œil !!
Vivement la suite !
Thieu

Anonyme a dit…

Je viens de comprendre ce que c'était "Port résolution" !

Joli poisson en effet, c'est bien une espèce d'orphie (l'orphie de Méditerranée a, elle les arêtes vertes et un bec plus fin) Elle est mastoc celle là ! Bravo !

Le nom de genre est BELONE (je n'ai pas réussi à aller jusqu'à l'espèce (Belone belone est celle qu'on a chez nous)