mercredi 30 avril 2014

Vik

Réveil 7h, le gars qui ronflait au dessus d'Alec a mis son téléphone à sonner. Je ne me rendors pas, mais reste un peu au lit. Le reste de la chambrée n'a pas réagit à la sonnerie. Nous étions 5 dans un dortoir de 6. Je prends une douche, m'habille et sors tout de suite. Il fait soleil et plutôt bon. Je n'ai qu'un t-shir, un petit pull et la veste coupe vent me tient presque chaud quand je grimpe la colline au dessus de l'auberge. Je n'avais pas encore vu le soleil à Vik. On a bien fait d'inverser notre programme. Les poules sont sorties de leur poulailler et font le tour de la maison (photo prise depuis le dortoir dans l'entresol. Le coq chante et annonce l'heure du petit déjeuner pour les hôtes qui l'ont réservé.
Je l'ai vu avant de sortir et ça a l'air bien copieux : jambon, saucisson, fromage, confitures maisons, gaufres, thé et café. Il fait vraiment bon, le vent ne souffle pas et le soleil chauffe ma peau. Je sens monter en moi une étrange sensation... Oh la! On se calme, on n'est pas dans "cinquante nuances de Grey". Je fais quatre photos et vais rejoindre Alec pour notre petit dèj' à base de thé, café et céréales croustillantes. Le but de la journée, monter en haut de la falaise ouest pour essayer de voir les macareux et profiter de la vue puis redescendre côté ouest de cette falaise pour aller voir des colonnes de basalte sur la plage de Reynisfjara. Lors de mon premier séjour j'avais essayé par deux fois d'aller voir ces orgues basaltiques sur les  conseils d'Aesa mais la première fois j'étais rester trois heures à regarder le ballet des fulmars du haut de la falaise et à la seconde tentative, une fois arrivé au pied de la face ouest, la pluie s'était mise à tomber mais cette fois pas juste 5 minutes comme c'est souvent le cas. Résultat j'avais fait demi tour, remonté la falaise et l'avais redescendu sous la neige. J'étais arrivé trempé à l'auberge. Mais pas de ça au programme aujourd'hui il fait un beau soleil et Alec se met même en t-shirt pour monter. Durant l'ascension, dans les rochers entre deux lacets de la piste, nous apercevons un couple de lagopèdes. Encore ornés de leur plumage blanc hivernal ils sont facilement repérables dans l'herbe jaune. Arrivés sur le plateau en haut de la falaise, un petit vent frais souffle mais le spectacle est saisissant, la vue sur le rocher de Dyrholaey, la plaine et le glacier Myrdalsjökull est magnifique. On se croirait en page centrale d'un GEO! Nous allons ensuite voir les oiseaux du haut de la falaise. Mais nous sommes un peu déçu, pas l'ombre d'un bec orange à l'horizon. Soit les macareux se cantonnent à la zone près de la plage, soit ils partent la journée se nourrir en mer vu qu'ils n'ont pas encore commencé à couver, ils doivent prendre des forces. Mais nous  nous  consolons rapidement avec les fulmars qui viennent raser le haut de la falaise et semblent venir voir qui sont ces intrus. Ils regardent vers nous quand ils passent à proximité et certains passent plusieurs fois. Mais le clou du spectacle quand on est en haut de cette falaise c'est le vide qui surplombe les rochers de Reynisdrangar. La légende raconte que deux géants ont voulu tirer un bateau sur la plage mais, surpris par le jour, ils ont été changé en pierre avec leur bateau. Nous longeons la falaise jusqu'au bout. De là on peut voir les touristes venus admirer les fameuses colonnes sur la plage en contrebas. Pour descendre à notre tour nous suivons un sentier plus ou moins marqué (plutôt moins que plus d'ailleurs) jusqu'au chemin qui traverse la falaise de Reynasfjar à Vik. Quand nous arrivons sur la plage, des nuages ont caché le soleil mais dès que le car de touristes a embarqué ses passagers la lumière réapparait. A nous de jouer sur les rochers et de faire notre fameuse photo-sautée. Celle là est plutôt réussie. Vers 16h nous sommes de retour à l'auberge. Nous prenons un thé, quelques biscuits et repartons en voiture vers un lac dans les montagnes au dessus de l'auberge. L'accès à pied depuis le parking n'est pas aisé à cause des clôtures et des canaux entourant les champs. De plus comme les nuages sont revenus nous décidons de ne pas aller au bord du lac. La vue d'ici est suffisante et s'approcher n'est pas utile. Nous allons donc voir une langue de l'Eyjafjallajökull, le Solheimajökull. Une langue de glace qui descend dans sa vallée. Nous nous promenons un peu au pied des blocs de glace et jouons dans les petites grottes. Un détail qui peut vous être utile : quand vous sortez d'une grotte de glace dans laquelle vous êtes courbés assurez vous d'être bien sortis avant de vous relever, le plafond est dur, j'ai testé pour vous. Ca vaut aussi pour les grottes en pierre.
Comme le magasin n'est ouvert que de 10h à 14h le samedi et que nous ne le savions pas et n'avions pas fait de réserve nous nous contentons d'une simple assiette de riz pour le repas du soir, plus un peu de Skyr (fromage blanc local) additionné d'un peu de pomme. Après manger Alec va se coucher pendant que j'use une heure de ma jeunesse pour vous tenir au courant de notre séjour. Vers minuit et demi, avant d'aller me coucher je jette un œil dehors. Le ciel est dégagé mais pas d'aurore boréale pour le moment. Un jeune israélien regarde le ciel lui aussi avec espoir. Il a lu qu'il y avait 40% de chance cette nuit d'en voir. Moi sur le site météo islandais je n'ai vu qu'une probabilité de 2 sur une échelle de 9. Je vais me coucher et lit un peu. Ce soir nous avons deux jeunes et deux espagnols avec nous dans la chambre. Ce soir l'auberge était espagnole, deux groupes d'ibères sont arrivés, soit une dizaine de convives. Plus quelques autres dont une famille de français croisés à l'auberge de Reykjavik. Cette nuit c'est moi qui ai hérité du ronfleur de service au dessus de ma couche et comme il s'est endormi avant moi j'ai du mal à rejoindre Morphée (une copine avec qui j'aime bien dormir mais c'est une autre histoire). Quand le train de nuit au dessus de moi se calme un peu c'est moi qui suis pris d'une quinte de toux et je suis obligé de me lever pour aller boire un coup et avaler une tranche de pain pour faire passer ces démangeaisons. En passant je jette un œil au ciel dehors. Toujours rien. Je retourne me coucher.
 

 

 

 

 
 

dimanche 27 avril 2014

En route pour Vik

Finalement Joao n'était pas là, il est rentré vers minuit et demi épuisé. On ne sait pas se qu'il avait fait mais il soufflait et s'est laissé tomber sur le lit comme s'il venait de grimper les trois étages de la Tour Eiffel à pied.
Le lendemain matin nous descendons nos sacs au local de garde de l'hôtel et allons à pied réceptionner la voiture louée par avance par internet. Nous avons pris un petit modèle, une picanto de kia. On l'appellera pikachu. On passe à l'hôtel récupérer les bagages et nous voilà partis pour les grands espaces, toutes voiles dehors sur une deux fois deux voies à toutes berzingues... 80 km/h max autorisés. Sortis de Reykjavik la route devient normale à deux voies et on peut rouler à 90 parfois. Pas d'autoroute en Islande mais une route principale qui fait le tour de l'île : la route 1. Les autres routes ont des numéros comme 220 ou 2279 avec parfois une lettre en sus mais nous n'avons pas encore élucidé le mystère de cette lettre. En fait plus le numéro est grand plus la route est étroite. Mais attention, jamais au grand jamais ne prendre de route "F"! Ce sont des pistes et notre pauvre Pikachu n'est pas faite pour ça. Des pistes de cailloux parfois damés, parfois moins, avec des trous ou pas mais surtout il peut y avoir des gués à franchir.
 
 C'est pour ça qu'il y a beaucoup de 4*4, mais la location d'un de ces engins est vite onéreuse et pour ce qu'on veut voir Pikachu suffit. Il n'y a pas grand monde sur les routes et il est facile de s'arrêter à l'entrée d'un chemin pour faire une photo quand un paysage nous plait. C'est à dire souvent. Le plus compliqué en fait pour Alec (c'est elle qui conduit, je suis le photographe), c'est de trouver les vitesses : au début on démarre quelques fois en troisième ou alors on y reste jusqu'à ce qu'à 80 km/h la voiture commence à couvrir le son de  la musique. "T'es pas en troisième là?" "Ah si". Mais au bout d'un moment elle prend le coup... Enfin presque.

 

 

 

 

 
Après avoir passé la chaine de volcans et les champs de lave au dessus de Reykjavik nous redescendons dans les vastes plaines alluvionnaires déposées par les différents évènements de la nature. Mais ceux qui font gagner le plus de terrain sur la mer sont dus aux inondations qui suivent les éruptions volcaniques sous glaciaires. Lorsqu'une éruption volcanique a lieu sous un glacier (ce qui n'est pas si rare puisque le volcan situé sous le glacier Eyafjallajoküll est entré en éruption en mars 2010) il arrive que l'eau de fonte due à ce brusque réchauffement provoque une vague monstrueuse emportant tout sur son passage et le charrie sur plusieurs kilomètres (ce qui ne s'est pas produit en 2010). Si mes souvenirs sont bons ce phénomène s'appelle Jokullhaup (j'aime bien vous donner les noms locaux ça vous fait un peu les pieds et vous montre ce qu'on endure en ouvrant les cartes routières et autres). Le chauffeur du bus que nous avions pris pour le cercle d'or nous a dit que certaines de ces plaines avaient gagner jusqu'à 20 ou 30 km sur la mer. Et c'est vrai que la mer est loin de la route qui passe près des montagnes. Dans ces plaines aujourd'hui les islandais élèvent des chevaux et font pousser le fourrage de leurs bêtes. Les chevaux islandais sont plutôt petits et trapus comme l'étaient ceux des vikings. Ils ont peu changé depuis. Ils ressemblent presque à des poneys mais il ne faut pas leur dire ça les vexe... (les islandais pas les poneys euh... les chevaux, vous pensez bien qu'ils ne comprennent pas le français les chevaux). Dans ces grandes étendues herbeuses l'été broutent des moutons mérinos et quelques vaches. Mais pour le moment ils sont encore un peu à l'abri et laissent leur place aux oies cendrées arrivées de migration. Les chevaux eux restent toute l'année dehors. Autre particularité de ces bestioles à crinière c'est qu'ils ont un pas de plus que les autres chevaux. Les chevaux de nos contrées (et même d'autres contrées) marchent au pas, au trop ou au galop, ici ils ont un pas intermédiaire dont je ne connais pas le nom mais que j'appellerai le trottiné-coulé. En fait le cheval marche rapidement sans donner les à-coups d'un trot habituel et de ce fait le cavalier semble glisser, couler. Bon revenons à nos moutons (même si on n'en a pas vu beaucoup comme je vous le disais). Notre premier arrêt majeur nous l'avons fait à la cascade de Seljalandfoss, une très joli cascade, qui  n'a pas un très gros débit mais la particularité de laisser passer le badaud derrière son voile. Badaud qui, s'il bade trop, ressort mouillé parce que même si le passage est loin derrière la chute, les embruns envahissent tout la cavité et les photographes essaient de protéger leurs appareils sous des parapluies, sacs plastiques ou leur veste. Pendant qu'il tombe quelques gouttes de pluie et pour nous sécher un peu (badauds qu nous sommes) nous mangeons dans la voiture, un succulent sandwich aux sardines. C'est fou comme un simple sandwich peut devenir succulent quand on a faim et qu'on a eu un peu froid. Je n'en ai pas trop parlé mais les températures sont remontées depuis quelques jours et tournent autour de 10°. Après manger le soleil fait sont retour et nous pouvons même enlever les vestes pour la photo sautée. Nous faisons plusieurs essais avant de trouver la bonne synchronisation ce qui fait sourire les gens qui passent. A partir de là nous longeons de superbes falaises desquelles jaillissent des cascades parfois directement du cœur de la roche. Et profitant de cette eau surement pure les fermiers se sont installés. Bon nombre d'arrêts photos plus tard nous atteignons la deuxième cascade du jour : Skogàfoss. Plus impressionnante que la première elle prend sa force dans le glacier Myrdalsjökull et mesure 62 mètres. Gogo et Clara ont préféré prendre la photo de loin. Une légende raconte qu'un trésor se cache derrière et qu'il brille quand le soleil frappe la cascade. Une autre histoire dit que si le badaud essaie d'aller chercher ce trésor il risque de ressortir bien plus mouillé qu'à Seljalandfoss. Un escalier permet de monter au sommet de la cascade. Quelques kilomètres après Skogàfoss nous allons sur l'îlot de Dyrholaey, une des images d'Epinal de l'Islande (enfin, ils n'ont pas d'Epinal ici mais je voulais vous éviter un autre nom imprononçable). Ca ressemble un peu à Etretat mais en noir, sauf que de là où on était on ne voit pas l'arche (il faudra attendre le prochain article). nous nous promenons un peu sur ce plateau rocher, hormis le bruit des vagues et quelques fulmars qui crient c'est calme et très reposant et le regard peut se perdre le long du tombolo jusqu'aux falaises qui nous cachent Vik ou, si on regarde vers la terre la calotte du glacier Myrdalsjökull. Vers 17h30, soit 7h et 200 km après notre départ de Reykjavik nous arrivons à Vik. Des nuages sont accrochés aux crêtes des falaises mais le soleil éclaire encore un peu la profonde vallée donnant sur la mer et les pentes abrupte prennent des teintes dorées. C'est la troisième fois que je viens ici. La première je n'avais fait qu'y passer et le haut des falaises étaient dans les nuages. La deuxième fois j'y ai passé trois jours dans le vent, le grésil, la neige, le blizzard et pour finir une petite tempête sur la mer. Mais entre chaque averse j'ai pu me promener et y regarder les fulmars (oiseaux marins ressemblants à de petits albatros) et surtout photographier les fameux rochers au pied de l'immense falaise. Les heures plus humides je les avais passées à lire bien au chaud dans l'auberge de jeunesse (dernière photo la maison au premier plan) aménagée dans une petite maison coquette tenue par Aesa et son mari (dont je n'ai jamais retenu le prénom car un peu plus compliqué). C'est au même endroit que nous avons réservé (il vaut mieux car il y a souvent du monde). Mais pour le moment et vue l'heure il me semble préférable de passer d'abord par le supermarché car il ferme à 18h. Nous achetons un morceau de saumon fumé. Ici quand ils fument quelque chose, ils le fument! Je pense qu'ils apprennent aux jeunes saumons à fumer dès leur plus jeune âge (au stade tacon pour les connaisseurs). Sérieusement, le fumage est plus fort que chez nous mais très bon. Avant de manger nous allons faire un tour de ce village de 300 âmes. D'abord la petite église puis une balade sur la plage dans l'espoir d'apercevoir des macareux (oiseaux marins au large bec coloré.... des toucans des mers!). Mais plus on marche plus je doute d'en voir un. Et alors qu'on approche de la falaise j'en aperçois un. "Mais ça fait un moment que j'en vois moi de ces petits trucs. C'est ça les macareux? Je croyais que c'était plus gros!" me dit Alec.
Et d' un ils passent à deux, dix, vingt, des centaines! En regardant le long de la falaise ils forment comme un nuage, un nuage de moustiques! Nous nous approchons de la falaise pour les voir de plus près. En montant sur des rochers et malgré la faible luminosité j'arrive même à faire quelques photos (que j'ai recadré pour vous). Nous les regardons un petit moment, ils ne sont pas très agiles au sol et nous en voyons plusieurs tomber et débouler sur quelques mètres dans les éboulis, mais ils se relèvent et prennent leur envol. Un vol un peu lourd et battant rapidement des ailes. Mais leur bouille de clown triste les rend attendrissant. Nous remontons alors que la lumière descend sur la plage. Demain nous essaierons d'en voir depuis le haut de la falaise. 
 
 

vendredi 25 avril 2014

De retour en Islande


 
Et oui, cet article s'appelle "de retour en Islande" parce que même si je ne vous ai pas donné de nouvelle depuis quelques temps, j'y suis déjà venu deux fois! Et comme les cybers ne courent pas les rues (et que les rues ne courent pas l'Islande) je n'avais pas pu me connecter et une fois à la maison la magie opère moins. Mais le progrès aidant je me suis équipé cette fois. J'ai emporté ma sœur avec moi! Et comme ma sœur suis le progrès elle a une tablette, et les islandais la wifi.
Donc nous sommes partis d'Aix à bord du tgv de
François. Enfin, c'est François le contrôleur facétieux qui nous  dit que c'était "son" train. Un coup d'avion et nous sommes arrivés ce 21 avril à Reykjavik vers 15h40. Dans l'avion il me semble avoir reconnu une des filles qui jouait dans la "mythique" série "Hélène et les garçons" : la plus jolie, celle qui s'appelait Bénédicte je crois. Ne me demandez pas pourquoi je connais son nom, je le sais c'est tout. Bref passons. La température annoncée par le pilote de l'avion était de 0°c et on veut bien le croire. Le "problème" dans ce pays n'est pas vraiment la température vu qu'on emporte quand même les vêtements qu'il faut, mais le vent qui souffle presque tout le temps. Et pas qu'un peu. Une fois arrivés à l'auberge de jeunesse (celle située à 30 minutes du centre ville à pied), je guide ma sœur vers le centre en passant par la promenade du bord de mer. Celle que j'aime tant et qui offre une jolie vue sur la baie de Reykjavik et le mont Esja de l'autre côté. Cette promenade je l'ai faite quelques fois déjà. J'étais venu en juin 2010 avec Benoist un collègue de travail, nous n'avions pas eu une minute de nuit en trois semaines; puis en mars 2012 pour tenter devoir des aurores boréales, j'en avais aperçu une pas trop moche mais rien à voir avec les cartes postales. Donc nous faisons un petit tour dans le centre. Beaucoup de magasins sont fermés en ce lundi de Pâques, de toute façon pour l'heure ce qui nous intéresse c'est de trouver un restaurant pour manger un bout et nous réchauffer un peu. Celui que nous choisissons est plutôt cosy. La carte en islandais est traduite en anglais seulement, du coup quand on demande à comprendre les ingrédients la serveuse passe par la carte en islandais pour nous expliquer. De toute façon nous prenons la soupe de poisson (exquise) et un filet de cabillaud accompagné de rutabaga, de blé, et de l'orange avec une sauce "liquorice" et quelques filaments de poireau frits que j'ai généreusement donné à ma sœur. La musique locale nous a bien amusé : vu que nos oreilles ne comprennent que ce qu'elles veulent la chanson "Jean Paul le mérou" nous a provoqué un joli fou rire. Après ce copieux repas nous sommes rentrés à l'auberge où nous avons retrouvé "Big Jim". Big Jim est un touriste qui partage notre dortoir et qui, quand nous sommes arrivés (vers 17H30) était allongé dans son lit à regarder un film. Et bien à notre retour il y était toujours. Nous avons découvert le lendemain qu'il est brésilien, il y a un petit drapeau brésilien sur ses Havaïanas (et surtout un passeport sur sa valise). Alors maintenant, il s'appelle Joao. Une autre fille et son violon partagent le dortoir avec nous. Fatigués de notre journée de voyage nous nous couchons vers 22h30 (deux heures de décalage en moins avec la France) alors qu'une lueur éclaire encore un peu le ciel.
La nuit est à peine noire vers 11h et le jour on ne sait car on dort encore mais à 5h il est déjà là !
Le lendemain visite un peu plus approfondie de la ville. Je montre mes quartiers préférés à Alec (surnom de ma sœur) : l'Harpa, un superbe bâtiment de verre avec salles de concert, de conférences et autres. Très esthétique autant de l'extérieur que de l'intérieur et surtout, point utile pour le promeneur de ville, des toilettes publiques (je connais un autre point comme ça sous la mairie). Le port à proximité, les quartiers avec les maisons colorées (alors que la plupart des maisons sont plutôt grises et tristes), les berges du lac Tjörnin avec son penseur (j'ai bien essayé de lui parler mais il reste de... bronze) et surtout le cimetière. J'aime beaucoup ce cimetière que nous avions découvert lors de ma première visite en été : des arbres sont plantés au milieu des tombes et il y règne une atmosphère reposante même si aujourd'hui les arbres nus sont un peu tristes (la photo date de juin 2010). Le gardien, dont les clients sont peu bavards par nature, vient nous apporter un plan et des explications. Pas toujours évident de comprendre tout ce qu'il dit, de l'anglais avec un accent islandais mais on arrive à comprendre que ce cimetière est une des rares places de Reykjavik et même d'Islande à être arborée et est même devenu une zone de conservation d'espèce boréales vu que les arbres européens plantés auparavant ont tous gelés lors du printemps 1983 (le 27 avril la température est passée de +8°c à -8°c en deux heures et les arbres alors bourgeonnants n'ont pas supporté). Le temps est légèrement couvert et le vent souffle encore. Pour nous réchauffer nous allons manger une soupe servie dans une boule de pain. C'est pratique, on mange son "assiette" au fur et à mesure et en plus ça évite de faire la vaisselle. L'après midi nous continuons notre tour de la ville avec la visite de la cathédrale. Un orgue composé de 5275 tubes trône au dessus de l'entrée. Deux-trois magasins à touristes et l'office de tourisme pour réserver le tour du cercle d'or. Le cercle d'or désigne le tour à touriste par essence et consiste en ma visite du geyser, de la cascade de Gullfoss et du site de Thingvellir classé au patrimoine de l'Unesco. Pour se reposer un peu nous allons faire une activité assez typique ici : boire un thé dans une librairie! Dans certaines librairies un petit coin salon est arrangé pour que les clients puissent se poser avec leur livre, leur journal, leur ordinateur (wifi gratuite) pour déguster un thé, un café accompagné d'un biscuit ou un morceau (plutôt gros pour Alec) de gâteau à la cannelle. En rentrant nous faisons quelques courses pour le soir et le pique nique du lendemain. Le ciel qui s'était dégagé (et la température adoucit) se recouvre dans la soirée annihilant nos espoirs de tenter de voir une aurore boréale ce soir. On se couche vers minuit.
 
Réveil 7h, petit dèj' et nous allons attendre le bus qui doit venir nous prendre devant l'auberge. Le chauffeur sert aussi de guide et nous décrit la vie du pays depuis ses origines et sa colonisation par les vikings à partir de 874 (même si quelques moines Irlandais venaient y passer l'été bien avant) : géologie, agriculture, mode de vie tout y passe. Nous ne sommes pas très fans de ces tours organisés mais c'est quand même un bon moyen d'apprendre des choses et en plus notre groupe est plutôt petit. Sortis de la capitale nous commençons à voir plus de neige sur les collines (cratères inactifs en fait) et sur le bord de la route. Pas mal de chevaux aussi, les oies cendrées sont arrivées de leur migration et se regroupent dans les champs. Un petit arrêt pipi à Hveragerdi, ville aux nombreuses serres chauffées par la géothermie et produisant un peu de tout, jusqu'à des bananes! Mais pas assez pour tout le pays, la plupart des fruits et légumes sont importés. Autre stop au cratère Kérid puis c'est le premier arrêt majeur de la journée : le site de Geysir. Geysir est le nom d'un geyser qui a donné son nom au phénomène. Celui-ci est devenu très peu actif depuis une éruption il y a quelques années et c'est maintenant son petit frère le Stokkur qui fait le bonheur des chapelets de touristes. Pour ma part c'est la troisième fois que je viens ici. La première mon appareil photo était tombé en panne quelques jours auparavant mais Benoist m'avait prêté le sien et comme nous avions campé à proximité nous avions bien profité du site. La deuxième fois le temps était exécrable et le temps du trajet entre le bus et le geyser nous étions tous trempé par la pluie et les vapeurs des différents fumeurs qui prennent place dans ce décor. Aujourd'hui le ciel est bleu et seuls quelques nuages viennent rajouter une ambiance de mystère au spectacle. Nous y faisons une pause d'une heure et demi que nous sommes sensés mettre à profit pour manger mais un peu pris par l'idée de faire des photos et de profiter de ce que nous offre la nature nous sautons le repas. Une petite pause pour donner du pain aux chevaux islandais (le chauffeur en avait un sac en prévision). Quelques kilomètres plus loin à Gullfoss, superbe cascade nous avalons un œuf dur sorti du sac. Le  ciel s'est couvert et il commence à faire plus frais. Bien sûr à chaque site des boutiques à touristes, des restaurants et souvent des centres d'informations permettent de se réchauffer un peu. Puis pour finir la journée nous allons au site de Thingvellir intéressant pour au moins deux raisons. La première c'est qu'ici, au fond du rift on peut voir d'un côté les contreforts de la plaque tectonique eurasienne et de l'autre celle de l'Amérique. Les deux plaques s'éloignent chaque année d'environ deux centimètres. L'eau du plus grand lac d'Islande (84 km² si j'ai bien compris) y est d'une pureté et d'une limpidité qui en font un des hauts lieux pour la plongée mondiale puisque la visibilité y atteint 100m! Et même s'il y a peu de choses à voir la plongée au cœur des fissures y parait impressionnante (d'après les photos). La deuxième raison de cette visite est celle qui a valut au lieu son classement par l'Unesco au patrimoine mondial c'est que c'est ici que s'est tenu le tout premier parlement de l'histoire de l'humanité.
De 930 à 1798 les islandais s'y réunissaient en été pour y discuter des lois et régler les litiges qui n'avaient pas pu être résolu au sein des communautés. Un ensemble de 14-15 sages siégeait sur le rocher de la loi face à l'assemblée qui, grâce à l'acoustique particulière au pied de la falaise, pouvait entendre les délibérations de cet aréopage. Colonisée par la Norvège puis le Danemark., ce n'est qu'en 1944, le 17 juin, alors que l'emprise du Danemark se relâchait pour cause de guerre que des milliers d'islandais se sont réunis sur le lieu même qui avait vu naître leur nation pour déclarer leur indépendance.  Pour les cinéphiles plusieurs films ont utilisé ce décor pour leur mise en scène et récemment la série Game of Thrones y a tourné quelques scènes (il me semblait bien avoir reconnu le site).
De retour à Reykjavik nous allons au cafoutchi le plus connu d'Islande. Une boutique de 2 mètres sur 3 qui fait les meilleurs hot-dogs du pays (voire du monde!). Nous en mangeons deux chacun! Quatre courses pour le soir chez "le petit cochon" et un thé à la librairie plus tard nous rentrons une nouvelle fois à pied par le bord de mer. Le ciel est toujours couvert le soir et Joao allongé dans son lit avec son téléphone.
Ce dernier jour nous avions prévu de rester pour assister à la fête du premier jour de l'été. Le 24 avril est traditionnellement le premier jour de l'été, car l'année ne compte que deux saisons, l'hiver et l'été. Nous avons lu de ci de là que ce jour était l'occasion de défilés et musique dans la rue. Mais depuis que  nous demandons nous n'avons pas eu trop d'échos du genre et visiblement il ne se passera rien de bien terrible. Du coup nous décidons de faire la promenade du bord de mer d'un bout à l'autre. Ce matin il fait quelques gouttes mais ça passe au bout d'un moment et au fur et à mesure le ciel s'éclaircit et le vent se renforce. Vers midi nous arrivons vers l'ancien port dont les petits hangars ont été recyclés en échoppes, bars et restaurants (les petites maisons vertes sur la photo plus haut) notamment le Höfnin où deux ans auparavant j'avais mangé une très bonne soupe de fruits de mer.
Nous nous y arrêtons. L'ambiance fait un peu rétro mais la vue sur les bateaux depuis la fenêtre est plutôt jolie. Alec prend la fameuse soupe et moi la soupe du jour plus un plokkfiskùr tilbod (fish stew en anglais ce qui ne nous avance pas beaucoup plus). En fait c'était une brandade bien bonne avec des petites pommes de terre et du pain de seigle. Bien repus (surtout moi) nous reprenons le chemin du phare de l'île Grottà. Passant par une zone commerciale nous visitons un magasin de sport style Décathlon. C'est quand même plus cher que chez nous. Le phare est loin finalement mais ça en vaut la peine la fin de la péninsule de Seltjarnarnes est en fait une réserve pour les oiseaux avec son petit étang et ses étendues herbeuses. Nous revenons par l'autre côté de cette péninsule aux résidences d'un standing plus élevé que le quartier de notre auberge (qui n'est pas miteux non plus). Un gars fait du Kite surf. Le retour est long, c'est surtout qu'on en a plein les bottes. D'après les calculs qu'on a fait le soir on a dû faire plus de 20km dans la journée. Sans compter qu'au retour on est passé par les toilettes de la mairie avant d'aller boire notre thé à la librairie Eymundsson où j'ai tapé quelques lignes. En sortant nous comptions aller voir un concert dans un bar mais au lieu des 20h qu'on avait vu c'était à 22h.
On hésite un peu à manger quelque part ou rentrer mais d'abord il faut repasser par les toilettes d'Alec à l'Harpa. C'est pas une vessie qu'elle a, c'est un dé à coudre! Pour attendre l'heure on décide de retourner au restaurant de la soupe dans le pain (le Svarta Kaffid) mais il est complet. Fatigués nous décidons de rentrer manger des pâtes à l'auberge. Nous mangeons avec l'esprit un peu inquiet... Joao n'est pas dans son lit ce soir et une de ses trois paires de baskets n'est plus là!!! Serait-il sorti?
Espérons que quand j'aurai terminé cet article et que nous irons nous coucher il sera là. Demain nous allons récupérer notre voiture de location et partons pour Vik. Nous pensions commencer par la péninsule de Snaefelsness mais la météo semble plus clémente dans le sud et Aesa la proprio de l'auberge de Vik (où j'étais allé il y a deux ans m'a confirmé que les macareux sont bien arrivés).