mercredi 19 novembre 2008

Le parc de Phu Kradueng


Une fois au village de Phu Kradueng il faut prendre un sangthaew ( les fameux taxi collectifs ) pour faire les 6km jusqu'a l'entree du parc. Un jeune me dit d'attendre le chauffeur. Un autre bus arrive mais personne pour le parc, le jeune me dit que nous allons donc y aller. C'est lui qui fera le chauffeur. D'ailleurs je me demande bien s'il y avait un autre chauffeur. Le truc c'est pour s'entendre sur le prix. Comme tu le disais Julien l'accent thai sur l'anglais c'est assez terrible et du coup on ne sait pas toujours s'il nous parle thai ou anglais. C'est pour ca que quand le gars m'annonce " wan unled" je ne comprends pas tout de suite qu'il veut dire " one hundred" soit 100 baths. Je lui dis que je trouve ca cher mais vu que je suis seul je dois payer plein pot. Bon c'est pas la ruine non plus. En route je lui fais comprendre qu'il me faudra quelqu'un pour revenir demain vu que j'y passe deux jours. La aussi pour demander au jeune de l'hotel ce qui etait le mieux pour visiter ca a ete folklo. Avec nos deux anglais basiques et nos accents on a eu un peu de mal a se comprendre. Finalement il m'a dit qu'en un jour je ne verrai rien et qu'il vallait mieux y dormir une nuit au moins. Enfin, a force de volonte et de geste on se comprend toujours. J'ai donc rendez-vous demain soir sur le parking vers 17h. Je paie mon droit d'entree et mon emplacement pour le camping et je commence la montee. Ca demarre assez fort avec quelques marches amenagees pour les endroits les plus raides. J'ai decide de garder mon sac sur le dos et de ne pas profiter des services de porteurs qui se chargent de votre bardas pour 15 bath le kilo. Je suis en fait le seul a monter avec un aussi gros chargement sur les epaules, tous les thailandais n'ont au plus qu'un petit sac pour porter leur bouteille d'eau. Les porteurs par contre equilibrent leurs charges au deux extremites d'un bambou qu'ils portent sur leurs epaules. A force de trajet certains ont carrement un boule qui s'est forme sur l'epaule malgre la mousse fixee au bambou pour apaiser le poids. En haut de la premiere montee il y a deja les premiers stands pour reprendre des forces. Je me repose un peu en regardant la vallee au dessous : longue vallee agricole avec des pics rocheux qui depassent comme des dents couvertes de vegetation. Malheureusement la brume empeche le regard de porter trop loin. Je croise enormement de gens qui redescendent. Il faut dire que c'est dimanche et que certains ont du profiter du week-end pour venir se mettre un peu au vert. Je ne sais pas trop s'il y a un jour de repos officiel en Thailande mais je pense que comme en "occident' le week-end est plutot non travaille pour les etudiants et certains ouvriers. Mais on a l'impression qu'ils travaillent tout le temps. De toute facon tous ceux que je croise sont des jeunes, certainement etudiants. Ca devait etre un sacre bazar hier soir la-haut, j'ai du croise au moins 500 personnes qui descendaient. Et quand je demande a une fille, elle me confirme qu'ils devaient etre a peu pres ce nombre la. A un stand je mange un morceau de pasteque et a celui de dessus juste avant d'attaquer l'ultime montee je mange des nouilles avec du poulet aux cacahuetes. Vraiment tres bon, mais je ne sais pas si je referai le trajet tous les jours juste pour me regaler de ce plat. A mon habitude je transpire enormement et certains qui me croisent me disent "so-so" ou "sou-sou" en regardant mon sac qui doit peser plus de 15kg. Je ne sais pas trop ce que ca signifie mais ca doit vouloir dire "courage" ou alors "tu en baves mon cochon". J'apercois une famille de macaques qui fuit dans les bambous et un porteur me montre une sorte de gros ecureuil noir au ventre blanc et un cloporte geant. Sinon les oiseaux qu'on entend restent timides et se cachent dans les frondaisons de la foret. Le dernier kilometre de montee est vraiment ardu et rendu encore plus difficile par la boue creee par l'humidite qu'il regne en altitude. Heureusement j'ai mes chaussure et je ne sais pas trop comment font ceux qui montent en tong ou les porteurs avec leurs 40kg sur les epaules et leurs simples petites tennis. Les escaliers pour franchir les derniers metres se rapprochent plus d'une echelle que d'un escalier proprement dit. Arrive en haut le paysage est plat et les pins qui poussent ici rapellent un peu certaines forets de Provence ou encore plus des Landes en raison des fougeres qui se developpent dans le sous bois. Les thailandais se photographient devant le panneau " felicitations aux conquerants du Phu Kradueng". Mine de rien les 5,5 km de montee nous ont fait gravir plus de 900m de denivele. Il reste maintenant 3,8 km de plat pour arriver au camping et aucentre des visiteurs. Les porteurs dechargent leur marchandise que d'autres hommes ( ou femmes parce qu'il ya aussi des femmes porteuses ) vont convoyer jusqu'au camping sur des charriots a bras. Le sommet du Phu Kradueng est en fait un grand plateau rocheux et marecageux, un peu comme les tepuis du Venezuela. Le camping est en fait un tres grand espace degage ou des centaines de tentes sont installees a demeure et pretes a etre louees. Quelques bungallows sont egalement disponibles pour ceux qui veulent plus de confort. Ca fait un peu camp militaire mais c'est leur conception de parc national. Dans un coin les habituels stands de restauration et quelques magasins de souvenirs. J'installe ma tente la ou les gardes me l'ont conseille, et me repose une petite demi heure en mangeant quatre biscuits. Vers 16h un haut parleur passe de la musique tres fort. Ca va pas etre facile pour voir des animaux par ici! J'ai a peine fini de me faire cette reflexion que je vois un cerf passer au mileu des tentes. Il va se coucher devant les stands de restauration pendant que la femelle broute entre les tentes. A l'entree le gars qui m'a donne la carte m'a dit qu ele coucher de soleil depuis la falaise ouest etait particulierement beau. L'endroit le plus beau est a 9 km et malgre des velos en locations je me contente d'un autre site, joli aussi, plus pres, seulement 4 km de marche. Il y a beaucoup de velos a la falaise et encore trois stands ou se restaurer. Je vais un peu plus loin pour trouver un peu plus de quietude meme si les thai sont discrets. Je n'ai croise que deux touristes sur le campement et n'en ai pas vu de la journee. Le paysage devant moi est digne d'une estampe chinoise : le soleil commence a rougeoyer et dans la brume se dessine les silhouettes des pins et des collines au dessous de moi. Les chants des oiseaux qui montent de la foret au dessous viennent s'ajouter a ce cadre de carte postale. Sur le chemin du retour je discute un peu avec trois jeunes. Une discussion des plus basiques a cause d'un anglais basique des deux cotes. Je vais prendre une douche ( froide ) et mange a un des stands. C'est toujours meilleur qu'une de mes boites de sardines. Quelques notes de guitare s'elevent de differents endroit dans le camping mais a 22h c'est le calme complet. Je me couche assez tot car demain je compte aller sur la falaise est pour voir le lever de soleil qui d'apres le centre des visiteurs a lieu a 6h17. Le lendemain reveil a 5h30 donc. La montagne est recouverte d'une epaisse couche de brouillard qui risque de gener la vue. Mais pour le moment j'emprunte un de ces sentiers ou il est indique de faire attention aux elephants sauvages. J'aimerai bien en voir mais l'ambiance qui regne ce matin ne me rassure pas. En effet, si je devais croiser une troupe d'elephants sauvages je ne sais pas trop quel comportement ils pourraient avoir. Et si nous trouvons tous les elephants gentils depuis qu'on a vu Dumbo je ne crois pas qu'ils aient de reference avec des humains gentils surtout s'ils doivent proteger leurs petits. Enfin je pense que les probabilites de rencontrer une troupe de trompes dans ce coin est assez faible. Par contre il y a beaucoup de traces de cerfs et de sangliers ( pas vraiment des sangliers mais des especes de cochons qui y ressemblent beaucoup ). Manquerait plus qu'un tigre vienne se nourrir dans le coin. J'arrive sans croiser le moindre animal a la falaise ou plus de 70 personnes sont deja la. L'heure est passee de quelques minutes mais aucune trace d'un halo lumineux solaire. Le brouillard est trop epais ce matin. On n'y voit pas a cinquante metres et la foret au dessous est seulement trahie encore une fois par les chants des oiseaux. La petite brise qui remonte depose la rosee sur les aiguilles des pins sous lesquels une petite pluie tombe. Je reste quand meme une petite heure a regarder le paysage et esperer une eclaircie mais on aura juste droit a voir un peu la foret et une pale lumiere dans la vallee au dessous. Je rentre par un autre chemin qui passe par un bouddha ( c'eut ete etrange qu'il n'y en ai pas un ) dans une prairie rocheuse. De retour a la tente je mange un bout et pars faire le tour des quelques cascades a voir dans le coin. La partie sauvage du parc, celle ou il est le plus facile d'observer des animaux, n'est apparement ouverte qu'en avril-mai. Le brouillard se leve un peu mais ca reste gris. Les cascades sont assez jolies car elles sont creuses derriere mais elles manquent un peu de debit. C'est dommage. Les seules traces d'elephants que je trouve sont un gros tas de crottes. En fait les elephants n'ont pas trop d'impact au sol du fait qu'ils marchent a quatre pattes et que la surface de leur pied est tres large. Un cerf fait plus de degats en marchant qu'un elephant en fait. Mais je n'en ai pas vu, de toute facon ils ne sont la qu'apres 15h dit le panneau. Ils doivent venir se nourrir dans cette zone deboisee la nuit. Les oiseaux sont tres discrets aussi, ils s'enfuient de tres loin et je n'aurai pas pu prendre de photo de ce pic orange dont la femelle l'avertit de mon approche depuis un autre arbre. De toute facon je dois me dire qu'avec la lumiere blanche du ciel j'aurai toujours ete en contre-jour. Ca me console et du coup je me venge un peu sur les quelques fleurs que je rencontre. Ca n'est pas trop la saison des orchidees mais il y en a des jolies. Je croise aussi un scolopendre enorme qui doit mesurer 30 cm noir avec des pattes oranges. Le probleme de ces bestioles c'est que ca bouge trop vite pour les photos. Le sentier, tres bien balise, suit la riviere puisqu'il propose de faire le tour de plusieurs cascades, mais je n'y ai pas vu de poisson. Les erables commencent a voir leurs feuilles tourner au rouge. Dans deux ou trois semaines ca devrait etre tres beau par ici. je continue un peu sur le plateau jusqu'a une riviere qui court sur le plateau comme sortie de nulle part au milieu de la vegetation. Quelques grenouilles chantent cachees dans les herbes aquatiques. Vers midi je rentre au camping pour manger ma boite de sardine avec mon pain de mie, pour alleger un peu mon sac. J'aurai presque pu rester une nuit de plus pour profiter de ce coin de nature accessible mais j'ai fait presque tous les sentiers accessibles, a part ceux de la falaise ouest un peu eloignes et j'avais dit que je ne restais qu'une nuit. Donc je demonte ma tente et prends le chemin du retour. Ca devrait etre plus facile vu que ca descend. La descente ne me prend que trois heures, je suis descendu un peu fort je crois mais au moins j'ai un peu de temps pour respirer avant le rendez-vous de 17h. Mes chaussures commencent a se decoller au bout mais devraient tenir le coup. Je comptais dire que j'ai fini ce sejour un "peu cradingue" mais Matthieu a ete plus rapide que moi. J'en profite pour boire un coup et aller voir le lac au pied de la montagne que je n'avais pas vu la veille. Cette fois nous sommes sept dans le sangthaew et je ne paie que 30 baths. De toute facon il ne m'aurait pas fait paye plus que les jeunes thais vu que je commence a comprendre les nombres. En plus les jeunes me disent que c'est "teurti" ( teurti=thirty=trente ), ils ne veulent pas que je me fasse arnaquer non plus. Les thais sont honnetes en general, il me semble que je paie sensiblement les prix affiches dans les bouis-bouis. Le seul truc c'est si je veux acheter un souvenir et qu'il faut negocier, je ne suis pas tres fort pour ca et de toute facon je sais que je n'aurai jamais le prix qu'aura un thai. C'est normal. Pendant le trajet une jeune etudainte en droit qui parle pas mal anglais me questionne un peu, elle baragouine un peu en francais. Comme toujours les memes questions : d'ou je viens? je voyage seul? qu'est ce qui me plait le plus en thailande? depuis combien de temps est-ce que j'y suis? ou est-ce que je suis alle? Je pense que les funerailles de la reine ont donne lieux a plusieurs jours feries et que c'est pour ca que beaucoup de jeunes venu de Bangkok pour la plupart de ceux que j'ai croise sont venus ici se mettre au vert. J'avais pose la question a un gars si c'etait les vacances mais il m'a repondu vaguement que non. Il ne devait pas trop oser dire qu'il profitait de ces jours pour "s'enfuir" promener. Les thais respectent enormement la famille royale et ca n'est pas bien vu de la critiquer. Manquer les funerailles peut etre un peu honteux aussi. Mais personnellement je pense qu'ils ont raison. J'imagine que ces journees de ceremonies ont un cout et je pense que meme si la population ne meurt pas de faim cet argent serait certainement mieux investi ailleurs. Mais ca n'engage que moi, pourvu qu'on ne m'inculpe pas pour lese-majeste. J'attends le bus a peine dix minutes et direction Loei. En route nous croisons pas mal d'ouvrier qui reviennent des champs. Des rizieres essentiellement. Ils ont de droles d'engins : une remorque tractee par une sorte de motoculteur au guidon de plus d'un metre cinquante. Je pense que c'est pour que la force de traction soit meilleure dans les marecages. Malheureusement je n'ai pas pu faire de photo a cause de la nuit qui tombe. Au retour a l'hotel je recupere les quelques kilos d'affaires que j'avais laisses en consigne ( sous le bureau ). L'hotel s'est bien rempli en raison de quelque chose a l'hopital mais je n'ai pas compris quoi. Du coup les restaurants ont ouvert et rivalisent avec leur sono a fond. Dans celui que je choisi un groupe s'installe : batterie, basse, un pianiste et deux guitares electriques. Certains des musiciens ont les cheveux longs et portent des t-shirt rock ca pourrait etre interessant. Mais au bout de trois chansons je dois me resigner : ils ne jouent que des chansons mievres comme en diffuse la tele. Tant pis je vais passer une heure sur internet et rentre regarder la tel. Le samedi avant de partir j'avais pu voir le match de l'equipe de France de rugby contre les iles Pacifique ( gagne 42-19 ), mais ce soir pas grand chose de terrible a part un hilarant film de zombies en thailandais. De toute facon demain je dois me lever a 5h20 pour prendre le bus pour Nong Khai. J'ai donne rendez-vous au chauffeur de tuk-tuk a 5h40 devant l'hotel.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est sympa ton truc là... mais grimper 5 km par des echelles pour voir un cerf et des traces de sanglier.... heureusement que les cascades, les fleurs et les oiseaux étaient là !

Comment as-tu entendu parler de cet endroit ?

Anonyme a dit…

Dommage pour les éléphants, suis certains qu'ils seront au rdv dans le sud de la Thaïlande.
Pour le hard-rock, il fallait s'en douter parce qu'autant on connait en occident le Riz Thaï que le Rock Thaï j'en avais jamais entendu parler !!
Par contre 3 petites remarques supplémentaires :
1/ je m'inquiète de voir que tu penses aux mêmes jeux de mot pourris que moi ...
2/ il me semble que par mail tu disais avec un peu mal aux mollets suite à ta montée à 1 Peu Cradingue, tu n'en fait pas mot ici, par fierté ou parce que ça va mieux ???
3/ Sandrine tu vois un peu le dos musclé de notre Grig national, va falloir te tenir quand il va rentrer !! ;o))

Anonyme a dit…

Oups j'ai oublié de signer mon msg !!
Ah non en fait ma blague pourri tient lieu de signature !!

Le blagueur Masqué alias Jean Roucas

Grigo a dit…

C'est pas complique Julien, il suffit de regarder le Lonely Planet qui te dis que c'est le deuxieme parc national de Thailande, du coup comme c'etait sur ma route je m'y suis arrete avec l'espoir d'approcher un peu plus la nature. Le cerf n'etait quand meme pas un bete cerf qu'on voit en europe ( que je n'ai jamais vu d'ailleurs ) mais c'est vrai qu'il etait bien habitue aux hommes.

Anonyme a dit…

décidemment le brouillard est souvent au rendez vous. Il était aussi là pour le 1er volcan du costa rica. et pour toi aussi c'est plus facaile à la descente comme pour les gros... Bisous ta grande soeur