lundi 12 mai 2008

Villazon Potosí retour en Bolivie


Le trajet de 7h en bus se passe très bien, nous avons droit au dernier James Bond et à Die Hard 4. Je discute un peu avec Oscar Raoul Romero, mon voisin. Je lui montre les quelques photos de France que j'ai avec moi et quand j'ai fini, la fille du fauteuil à côté demande à les voir aussi. Je remarque quelques places devant une fille que j'avais vu dans le bus de El Calafate à El Chalten à quelques 4000 km de là il y a bientôt deux mois. A la Quiaca nous devons rejoindre la frontière comme la dernière fois. Un homme nous propose sa camionette. Les deux américaines qui étaient devant moi et la suissesse d'El Chalten avec son sac north face énorme décident de le suivre. Je l'aurai bien fait mais je n'ai plus qu'un peso. J'y vais donc à pied, je connais le chemin et ça n'est pas si loin. D'ailleurs j'arrive avant elles. Je décide d'attendre la suissesse après la douane. Je ne sais pas oú dormir (le routard ne donne aucune indication sur Villazon) et c'est toujours mieux d'être à deux. Nous trouvons un hôtel à deux pas du terminal de bus. Elle s'appelle Mélanie et son gros sac est plein de matériel d'escalade; elle a passé plusieurs semaines à El Chalten à gravir les parois autour du Fitz Roy.
Nous partageons une chambre double, c'est plus pratique pour les sacs, on peut fermer et c'est plus sûr qu'un dortoir et vu le prix en Bolivie on peut se le permettre. Nous faisons un petit tour en ville puis, l'appétit ouvert nous allons manger un poulet-frites-riz (trés équilibré). De retour à l'hôtel nous regardons les super émissions de la télé : "le mur"qui nous fait beaucoup rire, et un film plutôt comique mais un peu lourd qui nous fait pas mal rire aussi. Pour une fois je ne suis pas seul à rire à des trucs débiles. Avant de nous endormir nous parlons un peu escalade, elle connait un peu le sud de la France pour en avoir écumé les sites majeurs. Elle m'avoue faire du 8a quand elle est en forme, je ne sais pas si beaucoup d'entre vous connaissent les cotations, mais il n'y a pas beaucoup de filles de ce niveau ( de plus en plus mais quand même ).
Je ne dors pas très bien cette nuit, peut-être l'altitude de 3450 m qui agit. La première fois nous avions dormi quelques nuits à 3000 m et cette fois j'arrive directement de 2000. Le matin je quitte Mélanie un peu avant 8h pour aller prendre mon bus. Dans le bus ma voisine engage un peu la conversation puis c'est au tour d'Adi, jeune étudiant bolivien à Buenos Aires devant moi de s'intéresser au seul étranger du bus. Il est sympathique, m'indique queques endroits où aller quoi manger. D'ailleurs à la pause repas, alors que je n'osais pas trop goûter aux plats servis dans la
rue par les locales il m'a fait gouter à la linasa (comme la chicha à base de maïs boulli). Je ne sais pas si c'est le fait que la boisson ait passé toute la matinée dans le seau juste couvert par un torchon ou si c'est moi mais un quart d'heure après dans le bus j'étais en sueur sans savoir d'où ça venait. Ça a duré une heure et c'est passé mais j'ai eu un peu peur. Nous sommes arrivé à Potosí au bout de 9h vers 17h donc. La première vu sur le cerro est impressionnante. Cette montagne est exploitée comme mine depuis 500 ans. Tout d'abord pour l'argent à l'époque des espagnols puis aujourd'hui également pour le plomb, le zinc et l'étain. Grâce à cette manne la ville a été prospère pendant près de trois siècles et les maisons des riches propriétaires présentent encore l'architecture baroque de l'époque. Ce qui en a fait une ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais quand on pense que tout cela a été fondé sur l'exploitation et la mort des indiens et des africains on se demande s'il faut vraiment admirer. Ma chambre dans l'hôtel Compañia de Jesús doit être la plus petite, une cellule de cet ancien couvent mais j'ai la télé. En noir et blanc avec seulement trois chaines mais j'ai la télé. La télé diffuse pendant les publicités des annonces de l'état qui déclare aider les populations reculées du pays et oubliées depuis toujours. Ces annonces rappellent que Entel la première société de télécommunication du pays est revenue aux boliviens après 10 ans de malversation et de corruption. La Bolivie change Evo fait avancer les choses dit le slogan. C'estvrai qu'il a l'air de vouloir faire bouger les choses et qu'il semble vouloir la transparence et l'honnêteté pour son gouvernement mais apparemment ça lui crée des ennemis puisque la province de Santa Cruz (une des plus riche du pays) vient de voter son autonomie. Vote reconnu non officiel par le gouvernement. Il y a quelques tensions en ce moment dans le pays. Dimanche matin je visite la ville, contrairement à la veille au soir elle est très calme et il y a peu de monde dans les rues. Très bien pour faire quelques photos malgré le ciel gris. Il fait plutôt froid aussi, la ville est à 4100 m environ. Je commence par les marchés, tous les étals ne sont pas ouverts mais beaucoup de fruits, notamment des mandarines et des bananes, des pommes de terre aussi, des lentilles, des fèves, des sacs de pâtes en vrac. Le rayon boucherie propose beaucoup de viande d'agneau. Ici pas de rayon frigorifique, tout est à l'air libre et l'odeur de l'agneau prend un peu à la gorge. Des hommes tranchent les os à la scie, les colonnes vertébrales restent entières sur les carreaux blancs de la paillasse avec parfois une touffe de poils sur la queue. Pour faire joli peut-être. Dan sla rue su rle trottoir des femmes en habit traditionnel vendent la maigre production de leur jardin : une dizaine de tomates, une poignée de fèves, deux kilos de patates ou quelques mandarines. Je découvre au hasard de ma promenade le plus beau gymnase que j'ai vu jusqu'à présent. Dans une ancienne court des enfants participent à un tournoi de foot à 5. C'est tout petit mais très beau avec des colonnes tout autour. C'est la photo plus haut. L'après midi est encore plus calme puisque l'équipe de foot locale joue sur le stade de la ville. Je crois qu'ils ont largement gagné. Lundi matin je vais visiter la mine. Nous passons tout d'abord par le marché des mineurs pour acheter quelques présents pour les mineurs. Notre guide, Sol, me dit que ce qu'ils préfèrent ce sont les boissons parce qu'il fait jusqu'à 35 degrés au coeur de la montagne mais on peut aussi acheter des feuilles de coca, des cigarettes à la marijuanna mais aussi de la dynamite et des détonnateurs. Chaque personne du groupe achète ce qui lui semble necessaire. Il y a peu de mineurs aujourd'hui en raison d'un tournoi de foot de la coopérative. La mine n'est plus nationale mais gérée par une (ou plusieurs) coopératives. Chacune des 500 entrées amène à des boyaux exploités par quelques hommes : frères ou père et fils. En tout 15000 personnes travaillent à la mine. De 6 à 8h par jour en fonction de leur production, mais chacun travaille pour soi en fait.

La galerie par laquelle nous entrons a en fait été ouverte du temps de la colonisation. Chacun porte un nom celle si s'appelle Rosario fait 4 km de long présente des galeries 200 m au dessus et 300 m au dessous. Les premiers mètres il fait plutôt froid, normal à plus de 4200 m d'altitude puis au fur et à mesure que nous nous enfonçons sous terre la chaleur augemente. De temps en temps il faut se pousser pour laisser passer un charriot. Les charriots pèsent de une à deux tonnes suivant leur taille et il faut pas moins de trois hommes pour le pousser et le tirer sur les rails. Ils sont en nage et demande un "refresquito" (un rafraîchissement), la température au plus profond atteint 35 degré paraît-il. Sol gère la distribution des présents pour qu'il en reste pour les autres hommes que nous allons croiser. Les galeries ne sont pas toujours à hauteur d'homme (en tout cas pas d'homme européen) et il faut même ramper pour atteindre certains boyaux exploités. Une fois au bout du conduit les hommes vident le wagonnet et de là d'autres hommes sont chargés de remplir de grands sacs de 250 kg pour qu'une poulie (parfois électrique parfois manuelle) les remontent à l'étage pour remplir un nouveau wagonnet que des hommes emmèneront à l'extérieur pour le tri. Depuis une trentaine d'années des compresseurs mènent de l'air de l'extérieur par des conduites pour que les hommes puissent s'enfoncer encore plus sous la montagne. Nous passons devant tio Jorge le diable dieu protecteur de la mine. Celui-ci a une centaine d'années nous confie Sol, mais plus profond dans la montagne un autre aurait trois siècles. Des petits drapeaux sont accrochés sur les parois des galeries : restes du carnaval que les hommes font aussi sous terre. Tous les vendredis les hommes lui font des offrandes pour qu'il les protège et leur offre du minerai. Pour que ce minerai soit le plus pur possible ils boivent de l'alcool pur à 96 degré sans oublier d'en verser quelques gouttes pour la Pachamama la déesse terre mère de toute abondance. Pour nous éprouver, Sol nous propose de gouter cet alcool. La petite bouteille tourne mais je n'y trempe que les lèvres. Ça brule bien tout de même. Le samedi les mineurs offrent deux lamas à la Pachamama pour sa protection. Un peu plus loin nous visitons deux frères en grimpant dans un conduit qui suit un filon de plomb, zinc et argent. Ils n'ont pour creuser qu'un gros burin, un marteau et une grosse boule de feuilles de coca dans le creux de la joue. Dans cet endroit sans air et très étroit il fait très chaud. Je leur laisse ma dernière bouteille de boisson et mon sachet de feuilles de cocas. Le sol des galeries est très sec et la poussière attaque les poumons. Sur la centaine de morts qu'il y a par an environ 70 le sont à cause de la silicose ou de problèmes respiratoires. Les enfants commencent à partir de 13, 14 ou 15 ans à travailler comme assistant. Une demie journée d'école, une demie journée de mine. Plus tard il montera en grade jusqu'à devenir manager : une sorte d'ingénieur puisque la coopérative n'en compte pas. Le manager grâce à son expérience sait où il faut creuser pour suivre les filons. Les hommes sont payés en fonction de leur emploi, ils touchent de 30 à 50 bolivianos pas jour et les managers peuvent gagner jusqu'à 300 ou 500 bolivianos par semaine. Les galeries n'ont pas toutes la même richesse et donc pas le même rendement. Les 3h30 passées dans la mine nous ont donné un petit aperçu de la vie de ces forçats, mais la plupart d'entre eux n'ont que ça pour vivre, leurs pères et leurs grands-pères étaient mineurs...ils continuent de prendre ce que la Pachamama veut bien leur donner.

La prochaine fois que je serai assis à une table à profiter d'un bon barbecue entre amis je comprendrais un peu mieux ce que tu veux dire David quand tu dis : "on est mieux là qu'à pousser des wagonnets à la mine". Pour finir le tour Sol nous fait une démonstration de dynamite en faisant exploser une papaye. Je voulais filmer ça mais je n'avais plus beaucoup de temps alors j'ai bataillé avec mon appareil et ça a explosé sans que je vois et filme quoi que ce soit. J'ai juste entendu un grand boum et la papaye avait disparu ne laissant qu'un cratère à son emplacement.


Au retour à 14h30 une bonne douche avec de l'eau à peine tiède et les restaurants plus ou moins fermés. De toute façon je n'ai pas très faim, je ne sais pas si c'est d'avoir garder mes feuilles de cocas dans la bouche tout le matin qui me fait ça mais je ne mange qu'un friand au fromage et un biscuit à l'orange. L'après midi je me balade tranquillement. Seule la nuit et les lumières posées sur le cerro apportent un peu de poésie et rendent un côté sacré á la montagne d'argent. Le soir un bon restaurant encore une fois, pour pas cher mais je vais arrêter de le dire vous l'avez compris. Le lendemain mon bus pour Sucre est à 13h, j'ai le temps d'aller visiter la casa de la moneda, maison de la monnaie où étaient frappés les pièces espagnoles de 1554 (si je me souviens bien) à 1951. Pas le droit de fair des photos dedans (ou alors plus cher... quel radin!) alors juste quelques photos de l'extérieur. La deuxième photo tout en haut présente la cour d'entrée. Pour vous donner une idée de l'importance du lieu le bâtiment fait 7500 m carrés et compte 150 salles. Après avoir vu comment on extrait l'argent voilà comment on frappait les pièces. Alors pour faire vite dans un premier temps l'argent était chauffé à 960 degré pour le fondre en lingot qui étaient passé dans des laminoirs actionnés par de grands engrenages activés par des chevaux (et apparemment pas des hommes). Tout de même dans le froid et les conditions de travail les chevaux ne vivaient pas plus de 6 mois. Les pièces éaient frappées au début directement au marteau. Elles avaient pour valeur : 8, 4, 2, 1 et 1/2 réal. Puis le progrés aidant la production est passée à la vapeur puis à l'électrique. En 1951 la monnaie, faute de matière première (puisque les pièces sont désormais en nickel), a été produite à l'étranger. Ironie de l'histoire c'est dans le pays qui a exploité cette ville jusqu'à la mort que la monnaie bolivienne est frappée. L'Espagne donc pour la plupart des pièces et la France et l'Angleterre pour les billets. Si un jour vous trouvez des pièces d'argent espagnoles sachez que les pièces produites à Potosí ont un signe comprennant les trois lettres PTS superposées, celles produites à México deux M et à Lima LM. Les trois sites où les pièces espagnoles étaient frappées à cette époque. A 13h je prends le bus deux jeunes courent pour le rattrapper, un d'eux est à deux doigts de tomber, mais le bus s'arrête. Leurs places sont au fond à côté de moi.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

En effet dur boulot !
Par contre suis déçu j'aurai bien voulu voir une explosion de papaye.
Autre remarque c'est pas un peu abusé de s'appeler Sol (ndlr soleil en Français) et de travailler à la mine ?
Par contre comment tiennent les galeries j'ai pas vu beaucoup de poteaux, si ?! Bon ca va elle est nulle ...
Thieu

Grigo a dit…

T'as raison qu'elle est nulle je l'ai pas comprise. Demande traducteur, j'ai perdu mon dico de Français-Matthieu.
Sinon les galeries tiennent pour la plupart par elles mêmes, dans les endroit plus instables il y a des poutres en Eucalyptus. Dans les galeries du temps espagnol c'est carrément des voutes en pierre qui consolide le bazar.
Toujours pas compris la blague...

Anonyme a dit…

Poteaux, si = Potosi ...
Fait un effeot quand même !
Finalement tu as peut être raison ce n'est pas si bon que cela de manger (et d'apprécier) des oignons, des poivrons et tous ces autres légumes que tu refuses catégoriquement de manger en France, cela semble t'empêcher de comprendre mes blagues.
Thieu

Anonyme a dit…

Je vois que ça a dû être marrant entre vous deux pendant un mois..ah ah ah !...Bon, maintenant c'est flagrant, avouez-nous le truc...en fait Thieu est revenu au bout d'un mois :
- parce qu'il ne supportait plus d'être un éternel incompris ?
- ou bien parce ce c'est Grig qui ne supportait plus les blagues ?

En tout cas Grig, j'ai trouvé passionnante ta visite dans la mine où tu as pu te rendre compte du quotidien difficile de ces gens. Et dire qu'ici parfois on se plaint, et moi le premier. Un stage à Villazon Potosi ferait du bien à pas mal de monde.
Bonne route
A bientôt.

Victor

Anonyme a dit…

Salut ! Tu as bonne Mine, mon pote aussi ! (elle est encore plus nulle que celle de Mat !)

Sympa ton expédition culturohistorique... j'apprends plein de choses grace à toi ! Tu vas supporter la cuisine française à ton retour ? Tu veux pas qu'on te garde un peu d'agneau faisandé au soleil ?