dimanche 4 mai 2014

Vik-grundarfjordur

 
 
Et voilà, il faut quitter Vik et son agréable auberge. Même si nous ne l'avons pas pris avouez que ce petit déjeuner fait envie (surtout qu'il manque le jambon, le fromage et les gaufres). Nous disons au revoir à Aesa. Nous ne l'avons pas trop vu ce week-end, elle avait beaucoup de choses à faire et c'est surtout avec son employée espagnole que nous avons eu à faire. C'est d'ailleurs elle qui nous a réservé l'auberge à Grundarfjordur, elle parle mieux anglais que nous. Aesa nous demande dans quelle direction nous partons, elle sort une carte et nous pointe tous les endroits à voir de sa région. Le trajet est sensé durer un peu plus de 5h et nous connaissant ça devrait prendre bien plus mais avec ce qu'elle vient de nous rajouter on n'est pas rendu (et encore on en a vu déjà pas mal). Avant de partir nous essayons de retourner voir les macareux mais décidément ils doivent partir la journée parce qu'il n'y  pas l'ombre d'un gros bec orange. On a eu de la chance d'y être aller le premier soir. Le ciel est gris et il bruine mais on se prend vite une photo devant les rochers mythiques de Vik. Le premier stop conseillé par Aesa nous ne l'éviterons pas, il s'agit d'un bain chaud en pleine nature. Au bout de la piste de Raufarell un petit parking est aménagé au pied de montagnes imposantes aux pentes herbeuses et aux sommets enneigés sur lesquels s'accrochent les nuages. L'ambiance est une nouvelle fois magique. Un petit chemin nous mène au fond de la vallée, nous ne savons pas à quoi nous attendre. J'en avais fait un dans le genre avec Benoist et une petite piscine était aménagée au bord de la rivière avec même un vestiaire. Qu'est-ce-qui nous attend cette fois? Aucune fumée ne trahi la source chaude mais je sens Alec très enthousiaste derrière moi, elle me pousse presque. L'idée de prendre un bain dans cet endroit la remplit de joie. Au bout d'une dizaine de minutes et au détour d'un chemin notre récompense est là. Une piscine de plus de 20 mètres de long (25m annonce le panonceau) et un vestiaire nous attendent! Waouw! Nous plongeons la main en passant près du bassin, la douce chaleur de l'eau ne fait que grandir notre joie. On dirait deux gamins à qui on a promis un tour de manège. Les vestiaires sont un peu défraîchis mais c'est mieux que de se cacher derrière un rocher pour se changer comme on pensait le faire. Pour se cacher de quoi en plus? Nous sommes seuls de toute façon. Une petite échelle permet de descendre dans le bassin, l'eau est verte mais pas vaseuse, la température doit être de trente degrés et au fur et à mesure qu'on se rapproche du tuyau qui capte l'eau de la source elle se réchauffe et le sol s'enfonce jusqu'à n'avoir plus pied (je sais ça fait assez vite pour nous).
 
Oh ce qu'on est bien là! Encore un des plaisirs de ce pays et pas le moins agréable. Un léger voile de vapeur s'élève à la surface de l'eau. Je sors deux minutes pour préparer la photo-sautée du jour, je me presse pour les réglages.
 
Un panneau au bord de la route annonçait 8°C. Malheureusement nous n'avons pas trop de temps aujourd'hui et au bout d'une demi heure de bain nous devons partir. A contrecœur vous vous en doutez mais c'est une nouvelle adresse dont je me souviendrai. Au parking nous croisons un couple d'anglais qui a aussi l'information de cette piscine naturelle et nous demande si la piscine est loin. Nous rassurons la dame sur la distance et la présence du vestiaire. Nous reprenons la route pour seulement quelques kilomètres puisque nous nous arrêtons une nouvelle fois pour visiter le petit musée consacré au volcan de l'Eyafjallajökull. Il y a beaucoup de ces petits musées en Islande, même dans des coins perdus. Celui-ci est probablement tenu par la famille qui possède la ferme toute proche puisqu'il relate leur expérience lors de la dernière éruption qui avait cloué au sol quelques 100 000 vols dans les aéroports européens en avril 2010. Une première salle avec des panneaux explique un peu la géologie des lieux et relate les évènements de ce fameux printemps alors que dans une seconde salle un film est projeté avec les images des fermiers et surtout les nuages de cendres et les inondations provoquées par la fonte du glacier sous lequel se trouve le volcan. Des images très impressionnantes, sous le nuage de cendres la nuit noire régnait et les fermiers après avoir enfermer leurs animaux et leur avoir donné du fourrage pour plusieurs jours se sont forcés à les abandonner. Le volcan éjectait jusqu'à 500 tonnes de cendres par secondes au plus fort de son activité, cendres qui sont montées jusqu'à 10km d'altitude, d'où le problème pour les avions. Heureusement les fermiers ont pu rentrer assez tôt chez eux et leurs vaches s'en sont bien sorties. Les plusieurs centimètres de cendres ont été nettoyées par les amis des fermiers et peu de temps après l'herbe a poussé encore plus verte et les récoltes ont été bonnes.
 

 
 

 
Après cet interlude, nous continuons notre route, nous ne arrêtons pas aux deux cascades conseillées par Aesa (pas le temps même si elles avaient l'air intéressante... la prochaine fois) par contre nous faisons une pause au "petit cochon" de Selfoss pour être sûr d'avoir à manger ce soir et les jours qui suivent. Marre du riz! Comme il pleut nous continuons la route jusque sur les rives du lac de Thingvellir où nous mangeons notre pique-nique devant un miroir liquide. Nous sommes sur la rive opposée à celle sur laquelle nous étions passés avec le bus. Il s'agit d'une piste de de terre plutôt bien damée mais il y a quelques trous à éviter tout de même. Un panneau annonce que la vitesse y est limité à 80 km/h. Si on roule à 80 là dessus et qu'on prend un trou je pense que Pikachu n'y survivrai pas. Déjà que Gogo et Clara ont du mal à tenir droit... Nous avons pris quelques pistes depuis le début mais pas aussi longtemps. Heureusement celle-ci est plutôt bien entretenue. C'est peut-être parce que les rives du lac Thingvallavatn sont le lieu de villégiature de bon nombre d'habitants de la capitale. Beaucoup de maisons secondaires poussent dans les collines arborées qui surplombent le lac. C'est aussi un des rares endroits où nous verrons des arbres. Nous avons deux possibilités pour rejoindre la péninsule de Snaefellsness : soit faire tout le tour du Hvalfjordur soit passer sous le fjord par un tunnel qui arrive directement à C'est certainement plus beau. Et nous avons bien fait. Au fur et à mesure que nous remontons vers la péninsule les nuages laissent place à un soleil radieux. C'est ce qu'avait prévu la météo. Soleil aujourd'hui, pluie demain et éclaircies le surlendemain. La route longe les berges du fjord à flanc de montagne, encore du grandiose.Quand on aborde la péninsule, le soleil chauffe au travers des vitres, mais quand j'ouvre la fenêtre l'air frais nous indique qu'on devrait avoir un peu plus froid ici. Face à nous maintenant se dressent des montagnes noires aux sommets blancs. Des montagnes imposantes aux pentes abruptes surmontées de falaises formant des barrières infranchissables. Des petits cratères aux reflets rouge brique pointent leur nez au milieu de champs de lave chaotiques couverts de lichens. La terre idéale pour voir naître les légendes les plus fantastiques et les êtres les plus mystérieux qui hantent les sagas islandaises. Tout au bout de la péninsule nous apercevons le sommet du Snaefellsjökull, le glacier qui recouvre le volcan duquel Jules Verne fait partir son "Voyage au centre de la Terre". Nous prenons la route qui nous permet de redescendre sur la côté nord. Au col il y a encore beaucoup de neige sur le bord de la chaussée, un lac est même encore gelé. Alec commence à être fatiguée de la route. Nous arrivons finalement vers 18h30. L'auberge n'a pas le charme et la convivialité des précédentes mais tout est neuf et confortable. Nous avons une chambre pour nous tous seuls avec bains privés Mais nous en profiterons plus tard, il fait beau pour le moment et demain s'annonce beaucoup moins ensoleillé, nous décidons d'aller profiter des derniers rayons du soleil pour voir le paysage dégagé. On en sait pas trop ce que le ciel nous réserve. Et c'est reparti pour un peu de route. Le soleil qui descend sur l'horizon apporte une lumière magique qui transforme les écoulements d'eau en cascades d'or. Nous allons jusqu'au bout de la péninsule passant par Olafsvik et Helissandur pour voir le Snaefelljökull avec son petit piton qui lui donne des airs de Mont Ventoux enneigé. Une petite piste mène à un phare, nous la prenons. Beaucoup de départs de randonnées sur le bord de la piste s'enfoncent dans le dédale de lave au milieu duquel nous roulons. Encore une coulée de magma à perte de vue. C'est difficile d'imaginer que tout ça n'a été créé qu'en quelques jours. Des centaines d'hectares recouverts par une épaisse couche de roche noire. Quand je pense au temps que j'ai mis pour faire le sol de ma douche italienne! Mais bon c'est un peu plus régulier chez moi. Ici tout n'est que trous et bosses, enfoncements du sol et amoncellement de roches.  La piste est étroite et plutôt cabossée et nous n'en finissons pas d'aller vers ce phare qu'on voit au loin. Nous nous arrêtons à la plage de Skardsvik.  D'habitude les plages sont noires mais là il est orange et tranche avec le noir de la lave qui descend jusque dans la mer. Mais même la plus bête petite plage devient une merveille. Ils sont vraiment forts ces islandais! Le coucher de soleil est interminable à ces latitudes. C'est pratique pour faire des photos. Nous n'irons pas voir le phare jaune, après tout c'est un phare jaune! Il est bientôt 22h, on a encore un peu de route et toujours pas manger. Sur les monticules de lave les lagopèdes s'installent pour passer la nuit. Ils sont visibles de loin avec leur livrée hivernale. Et je pense que s'ils se perchent c'est pour voir arriver leur prédateur de loin vu que de toute façon ils ne peuvent pas encore se camoufler. Justement, sur le bord de la route, deux yeux luisent dans la lumière des phares. Le prédateur des lagopèdes, un renard arctique! Lui a déjà retrouvé son pelage estival : un gris bleu qui a valut à l'isatis des problèmes avec les trappeurs autrefois. Il bondit entre les touffes d'herbe et file se cacher. Mais on l'a vu. Bien sûr, comme tous les soirs, les nuages reprennent leur place dans le ciel. Nous n'aurons pas à guetter les aurores ce soir. Et de toute façon ça va être de plus en plus difficile d'en voir, il est minuit et le ciel au nord ouest est pâle, éclairé par un soleil qui ne descend plus très bas. C'est l'été ici et le ciel ne sera plus noir jusqu'à fin août.
 

 

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