dimanche 27 avril 2014

En route pour Vik

Finalement Joao n'était pas là, il est rentré vers minuit et demi épuisé. On ne sait pas se qu'il avait fait mais il soufflait et s'est laissé tomber sur le lit comme s'il venait de grimper les trois étages de la Tour Eiffel à pied.
Le lendemain matin nous descendons nos sacs au local de garde de l'hôtel et allons à pied réceptionner la voiture louée par avance par internet. Nous avons pris un petit modèle, une picanto de kia. On l'appellera pikachu. On passe à l'hôtel récupérer les bagages et nous voilà partis pour les grands espaces, toutes voiles dehors sur une deux fois deux voies à toutes berzingues... 80 km/h max autorisés. Sortis de Reykjavik la route devient normale à deux voies et on peut rouler à 90 parfois. Pas d'autoroute en Islande mais une route principale qui fait le tour de l'île : la route 1. Les autres routes ont des numéros comme 220 ou 2279 avec parfois une lettre en sus mais nous n'avons pas encore élucidé le mystère de cette lettre. En fait plus le numéro est grand plus la route est étroite. Mais attention, jamais au grand jamais ne prendre de route "F"! Ce sont des pistes et notre pauvre Pikachu n'est pas faite pour ça. Des pistes de cailloux parfois damés, parfois moins, avec des trous ou pas mais surtout il peut y avoir des gués à franchir.
 
 C'est pour ça qu'il y a beaucoup de 4*4, mais la location d'un de ces engins est vite onéreuse et pour ce qu'on veut voir Pikachu suffit. Il n'y a pas grand monde sur les routes et il est facile de s'arrêter à l'entrée d'un chemin pour faire une photo quand un paysage nous plait. C'est à dire souvent. Le plus compliqué en fait pour Alec (c'est elle qui conduit, je suis le photographe), c'est de trouver les vitesses : au début on démarre quelques fois en troisième ou alors on y reste jusqu'à ce qu'à 80 km/h la voiture commence à couvrir le son de  la musique. "T'es pas en troisième là?" "Ah si". Mais au bout d'un moment elle prend le coup... Enfin presque.

 

 

 

 

 
Après avoir passé la chaine de volcans et les champs de lave au dessus de Reykjavik nous redescendons dans les vastes plaines alluvionnaires déposées par les différents évènements de la nature. Mais ceux qui font gagner le plus de terrain sur la mer sont dus aux inondations qui suivent les éruptions volcaniques sous glaciaires. Lorsqu'une éruption volcanique a lieu sous un glacier (ce qui n'est pas si rare puisque le volcan situé sous le glacier Eyafjallajoküll est entré en éruption en mars 2010) il arrive que l'eau de fonte due à ce brusque réchauffement provoque une vague monstrueuse emportant tout sur son passage et le charrie sur plusieurs kilomètres (ce qui ne s'est pas produit en 2010). Si mes souvenirs sont bons ce phénomène s'appelle Jokullhaup (j'aime bien vous donner les noms locaux ça vous fait un peu les pieds et vous montre ce qu'on endure en ouvrant les cartes routières et autres). Le chauffeur du bus que nous avions pris pour le cercle d'or nous a dit que certaines de ces plaines avaient gagner jusqu'à 20 ou 30 km sur la mer. Et c'est vrai que la mer est loin de la route qui passe près des montagnes. Dans ces plaines aujourd'hui les islandais élèvent des chevaux et font pousser le fourrage de leurs bêtes. Les chevaux islandais sont plutôt petits et trapus comme l'étaient ceux des vikings. Ils ont peu changé depuis. Ils ressemblent presque à des poneys mais il ne faut pas leur dire ça les vexe... (les islandais pas les poneys euh... les chevaux, vous pensez bien qu'ils ne comprennent pas le français les chevaux). Dans ces grandes étendues herbeuses l'été broutent des moutons mérinos et quelques vaches. Mais pour le moment ils sont encore un peu à l'abri et laissent leur place aux oies cendrées arrivées de migration. Les chevaux eux restent toute l'année dehors. Autre particularité de ces bestioles à crinière c'est qu'ils ont un pas de plus que les autres chevaux. Les chevaux de nos contrées (et même d'autres contrées) marchent au pas, au trop ou au galop, ici ils ont un pas intermédiaire dont je ne connais pas le nom mais que j'appellerai le trottiné-coulé. En fait le cheval marche rapidement sans donner les à-coups d'un trot habituel et de ce fait le cavalier semble glisser, couler. Bon revenons à nos moutons (même si on n'en a pas vu beaucoup comme je vous le disais). Notre premier arrêt majeur nous l'avons fait à la cascade de Seljalandfoss, une très joli cascade, qui  n'a pas un très gros débit mais la particularité de laisser passer le badaud derrière son voile. Badaud qui, s'il bade trop, ressort mouillé parce que même si le passage est loin derrière la chute, les embruns envahissent tout la cavité et les photographes essaient de protéger leurs appareils sous des parapluies, sacs plastiques ou leur veste. Pendant qu'il tombe quelques gouttes de pluie et pour nous sécher un peu (badauds qu nous sommes) nous mangeons dans la voiture, un succulent sandwich aux sardines. C'est fou comme un simple sandwich peut devenir succulent quand on a faim et qu'on a eu un peu froid. Je n'en ai pas trop parlé mais les températures sont remontées depuis quelques jours et tournent autour de 10°. Après manger le soleil fait sont retour et nous pouvons même enlever les vestes pour la photo sautée. Nous faisons plusieurs essais avant de trouver la bonne synchronisation ce qui fait sourire les gens qui passent. A partir de là nous longeons de superbes falaises desquelles jaillissent des cascades parfois directement du cœur de la roche. Et profitant de cette eau surement pure les fermiers se sont installés. Bon nombre d'arrêts photos plus tard nous atteignons la deuxième cascade du jour : Skogàfoss. Plus impressionnante que la première elle prend sa force dans le glacier Myrdalsjökull et mesure 62 mètres. Gogo et Clara ont préféré prendre la photo de loin. Une légende raconte qu'un trésor se cache derrière et qu'il brille quand le soleil frappe la cascade. Une autre histoire dit que si le badaud essaie d'aller chercher ce trésor il risque de ressortir bien plus mouillé qu'à Seljalandfoss. Un escalier permet de monter au sommet de la cascade. Quelques kilomètres après Skogàfoss nous allons sur l'îlot de Dyrholaey, une des images d'Epinal de l'Islande (enfin, ils n'ont pas d'Epinal ici mais je voulais vous éviter un autre nom imprononçable). Ca ressemble un peu à Etretat mais en noir, sauf que de là où on était on ne voit pas l'arche (il faudra attendre le prochain article). nous nous promenons un peu sur ce plateau rocher, hormis le bruit des vagues et quelques fulmars qui crient c'est calme et très reposant et le regard peut se perdre le long du tombolo jusqu'aux falaises qui nous cachent Vik ou, si on regarde vers la terre la calotte du glacier Myrdalsjökull. Vers 17h30, soit 7h et 200 km après notre départ de Reykjavik nous arrivons à Vik. Des nuages sont accrochés aux crêtes des falaises mais le soleil éclaire encore un peu la profonde vallée donnant sur la mer et les pentes abrupte prennent des teintes dorées. C'est la troisième fois que je viens ici. La première je n'avais fait qu'y passer et le haut des falaises étaient dans les nuages. La deuxième fois j'y ai passé trois jours dans le vent, le grésil, la neige, le blizzard et pour finir une petite tempête sur la mer. Mais entre chaque averse j'ai pu me promener et y regarder les fulmars (oiseaux marins ressemblants à de petits albatros) et surtout photographier les fameux rochers au pied de l'immense falaise. Les heures plus humides je les avais passées à lire bien au chaud dans l'auberge de jeunesse (dernière photo la maison au premier plan) aménagée dans une petite maison coquette tenue par Aesa et son mari (dont je n'ai jamais retenu le prénom car un peu plus compliqué). C'est au même endroit que nous avons réservé (il vaut mieux car il y a souvent du monde). Mais pour le moment et vue l'heure il me semble préférable de passer d'abord par le supermarché car il ferme à 18h. Nous achetons un morceau de saumon fumé. Ici quand ils fument quelque chose, ils le fument! Je pense qu'ils apprennent aux jeunes saumons à fumer dès leur plus jeune âge (au stade tacon pour les connaisseurs). Sérieusement, le fumage est plus fort que chez nous mais très bon. Avant de manger nous allons faire un tour de ce village de 300 âmes. D'abord la petite église puis une balade sur la plage dans l'espoir d'apercevoir des macareux (oiseaux marins au large bec coloré.... des toucans des mers!). Mais plus on marche plus je doute d'en voir un. Et alors qu'on approche de la falaise j'en aperçois un. "Mais ça fait un moment que j'en vois moi de ces petits trucs. C'est ça les macareux? Je croyais que c'était plus gros!" me dit Alec.
Et d' un ils passent à deux, dix, vingt, des centaines! En regardant le long de la falaise ils forment comme un nuage, un nuage de moustiques! Nous nous approchons de la falaise pour les voir de plus près. En montant sur des rochers et malgré la faible luminosité j'arrive même à faire quelques photos (que j'ai recadré pour vous). Nous les regardons un petit moment, ils ne sont pas très agiles au sol et nous en voyons plusieurs tomber et débouler sur quelques mètres dans les éboulis, mais ils se relèvent et prennent leur envol. Un vol un peu lourd et battant rapidement des ailes. Mais leur bouille de clown triste les rend attendrissant. Nous remontons alors que la lumière descend sur la plage. Demain nous essaierons d'en voir depuis le haut de la falaise. 
 
 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci de nous prendre un peu dans vos valises. Ça fait frétiller les passeports !!
Profitez-en bien. Bises
Stéphanie et JC