Le lendemain je passe la matinée pour envoyer un colis, pas tout à fait le même bazar qu'en Argentine mais pas mal dans le genre aussi, mon colis n'était pas assez lourd pour que je l'envoie à moindre frais. Alors pour payer moins j'ai dû acheter autre chose, dingue non? Je m'achète "el perfume" vu que j'ai fini de lire "l'alquimista". Encore un repas pas cher dans un beau restaurant. Cette fois j'ai gouté aux pommes de terre séchées. En fait elles sont trempées dans l'eau longtemps avant de les faire cuire. Elles ont une couleur plutôt noire et ont la consistance des châtaignes avec un goût pas très marqué. Je prends un minibus pour Sorata.
C'est en fait un van japonnais d'une quinzaine de place mais au bout de quelques arrrêts nous sommes 17 et ça ne plait pas à mon voisin, un homme d'une soixantaine d'année qui commence à râleret dire qu'ils n'ont pas le droit de charger autant de gens. Alors que nous passons devant une garnison de l'armée il demande à s'arrêter. Le chauffeur demande s'il va descendre ici mais le bonhomme dit qu'il va demander à l'armée si on peut être autant nombreux dans le bus. Le chauffeur redémarre en disant que ça va nous mettre en retard. Il n'en fallait pas moins pour énerver le bonhomme. Il commence à s'en prendre à l'assistant puis l'homme juste devant moi se moque un peu de mon voisin qui malgré ses 50kg tout mouillé menace le gaillard qui fait le double de lui. Il lui porte même un coup sur l'épaule. Le gaillard se retourne amusé, mais le chétif n'en démord pas il veut lui donner une leçon : "arrêtes le bus, descend et je vais te donner une correction", il se lève et gesticule.
Sa femme essaie de le calmer pendant que
je l'empêche avec mon bras de taper une autre fois sur le gaillard. Finalement le petit homme se rassoie et promet de régler ça une fois arrivé. La route sur le plateau donne une belle vue sur les contreforts de la cordillère royale avec l'Illampu au fond. Nous arrivons par dessus la vallée de Sorata et ce qui m'impressionne le plus à la première vue c'est la profondeur de la vallée et le nombre de champs qui s'accrochent sur les flancs abrupts des montagnes. Avec le coucher de soleil c'est splendide. Je vais dormir à l'hôtel mirador, le seul hôtel avec une vue sur la vallée ( quand il fait jour ). Là je fais la connaissance de Christophe, un jeune belge psychologue qui travaille bénévolement dans les prisons du pays au sein d'une ONG. Je discute un moment avec le propriétaire de l'hôtel, Carlos, il est sympathique, il m'apprend que le prix pour rallier Rurrenabaque en VTT et bateau en 5 jours tourne autour de 250 dollars, un peu trop pour moi. Il me raconte un peu sa vie d'ancien sportif et danseur folklorique et malgré deux divorces il me semble attiré par les hommes et un peu entreprenant.
Je fais celui qui n'a rien vu. Demain j'irai avec Christophe à la laguna Chilata. Je ne comptais pas trop marcher ici mais ça me fera du bien de bouger un peu. Carlos nous prête sa carte.
Le matin, réveil 7h, il y a environ 5h de montée et 3 de descente, il ne faut pas trop traîner. Nous passons par le marché pour le petit déjeuner. Un sandwich oeuf tomate et un verre d'api. L'api n'est pas la crême d'anchois comme on fait en Provence mais un jus à base de maïs avec de la cannelle et du clou de girofle. Dans celui-ci il doi ty avoir du maïs rouge qui donne cette couleur de mûre au mélange. C'est chaud, c'est très bon. Il ne fait pas trop froid dans cette vallée, nous ne sommes qu'à 2800 m et il va falloir monter jusqu'à 4200 m. Nous avons un peu de mal à trouver le bon chemin pour démarrer, les enfants que nous croisons nous demande des bonbons mais nous n'en avons pas et de toute façon ça n'est pas très bon pour eux. Finalement nous arrivons au fond du ruisseau par là où nous devons passer. Un homme passe qui nous dit que la lagune est bien plus haut par là en nous montrant le haut de la vallée, c'est ce qui nous semblait.
Nous continuons donc dans le lit du ruisseau en ne passant pas par le village au dessus, nous couperons plus loin. Le chemin n'est pas très bien marqué mais il nous semble que nous allons dans la bonne direction. Nous passons au bord des champs, marchons un temps le long d'un canal d'irrigation et croisons quelques petits hameaux. Le paysage est superbe avec l'Illampu en point de mire. Vers 12h nous faisons une pause pour manger un paquet de biscuits salés. Ça commençait à m'être indispensable parce que depuis 3500 m d'altitude je commence à avoir du mal à suivre Christophe, 10 ans de moins que moi et vivant depuis trois mois à la Paz, donc plus habitué à l'altitude. Ce petit en cas m'a un peu remis en forme mais nous avons du mal à trouver le chemin et nous escaladons un peu entre des rochers pour essayer d'atteindre ce qui nous semble le bon itinéraire. L'altitude commence à faire effet et pour moi chaque 20 m en plus il faut que je souffle un peu. Quand je pense à ceux qui font des sommets de 8000 m... Un relief du paysage nous semble bien pour abriter une lagune, je regarde le GPS qui nous indique l'altitude, 4000m c'est dur, 4100m... 35 respirations par minutes, 4150m... je regarde les aigles qui passent au dessus de nous, 4180m si la lagune
n'est pas là au dessus je ne vais pas plus loin, 4200m la lagune n'est pas là, un autre creux pourrait l'abriter, 4259m rien et plus rien pour cacher une lagune. On a dû se tromper. On regarde la carte encore une fois et pourtant il nous semble bien avoir suivi la bonne vallée. Tant pis. On mange un paquet de gauffrettes, deux bananes et deux mandarines. Avec les coordonnées GPS on vérifie sur la carte : on s'est bien trompé de vallée, on a oublié de passer de l'autre côté de la colline. On aurait dû passer par le village comme nous l'avait dit Carlos. Tant pis la ballade était belle tout de même. Mais maintenant il est 15h, il faut penser à redescendre d'autant plus que des nuages viennent cacher l'Illiampu.
Pour changer un peu nous avons repéré un chemin à flanc de motagne depuis le haut. C'est dingue comme on voit mieux les chemins quand on est au dessus. Pendant plus d'une heure et demi le chemin longe la montagne sans jamais descendre et nous restons au dessus de 4000 m. Il est bientôt 17h et le chemin s'enfonce dans une vallée. Nous arrivons au fond de la vallée dans un petit village où une dame nous dit qu'il nous faudra 3h pour rallier Sorata. Nous devrions donc arriver vers 20h, mais à la descente on va toujours plus vite. Les lumières du soir donnent encore plus de beauté à la vallée, les champs de maïs et de fèves s'illuminent et au détour d'un virage nous pouvons voir au travers des nuages l'Illampu embrasé par la lumière vespérale ( wouaw je ne l'avais pas encore sortie celle-là! )
. Près d'un petit village, des enfants montent en courant du champs où ils travaillent avec leurs parents pour venir nous demander des bonbons. C'est la première chose qu'ils disent avant même de dire bonjour. Dans les villages les cochons fouillent le sol attachés par une corde pour ne pas faire de dégâts dans les champs. Dans la pénombre nous croisons quatre vaches et une mules menées par une femme mais le veau de tête doit avoir peur de nous et nous devons descendre du chemin pour qu'il accepte de passer. Nous arrivons bien fatigués au village alors que la nuit noire arrive, il est 19h. Nous faisons une pause à un bar pour partager 1 litre de jus d'orange bien frais. Le soir une suisse, Nathalie, nous attends pour converser un peu. Nous allons tous les trois manger dans un petit restaurant une soupe et un plat avec un coca, record battu : 10 bolivianos.
C'est encore moins cher dans les trucs non dédiés aux touristes.
Je ne connais pas d'histoire avec un belge, une suisse et un français dans un restaurant bolivien mais on s'est bien entendu. Du coup le lendemain, alors que Christophe retourne au travail ( ce jeudi était férié ) je repars randonner avec Nathalie après que nous ayons pris tous les trois notre verre d'api et deux sandwich oeuf tomate ( hier j'ai eu un peu faim ). Nous partons tranquillement vers 11h dans la direction de la lagune mais sans espoir de l'atteindre, il est trop tard. Surtout qu'au village ( râté la veille ) une petite fille et son frère demandent à être pris en photo. Clara et Limber sont content de se voir sur l'écran en échange de quoi ils demandent un petit quelque chose. Je leur donne deux de mes quatre petits pains. Pendant ce temps Nathalie parle avec un couple suisse allemand qui redescendent d'escalader une des parois dans le massif de l'Illampu. Nous continuons notre ascension, il fait beaucoup plus chaud qu'hier. Nous nous arrêtons dans une prairie pour manger. Un jeune bolivien passe avec sa mule et discute un peu avec nous. Je lui montre les photos de France que j'ai toujours avec moi. Ça l'intéresse beaucoup. Je ne sais pas en fait ce qui l'intéresse le plus si ce sont les photos ou si c'est moi parce qu'il me fait de beaux sourires et me regardent avec un étrange regard. Vous allez dire qu'après Carlos je me fais des idées mais une fois qu'il est parti c'est la première chose que m'a fait remarquer Nathalie. Il faut se rendre à l'évidence, ma nouvelle coupe plait aux hommes boliviens. J'espère que mes cheveux vont vite repousser. Après manger nous marchons encore une heure et nous avons vue sur l'Illampu. A une centaine de mètres en contrebas deux enfants nous appellent :
- Descendez! C'est par là!
- Vous avez des bonbons?
-Non on n'en a pas
-Et pourquoi?
-Parce que
-Et pourquoi parce que?
-Parce que, parce que.
Ce dialogue de sourd dure un bon quart d'heure, ils sont rigolos. Au bout d'un moment je commence à faire le pître en prenant des pauses ridicules ou en sautant. Le garçon m'imite et on les entend rire. Nous repartons vers 17h. Nous allons encore rentrer à la nuit. Surtout qu'au village Clara nous attend pour faire des photos avec sa copine accompagnée d'une soeur et de son petit frère. Clara, Victoria, Sondia et Wilfredo pausent pour la photo dan sla lumière du soleil couchant. Il nous reste quelques biscuits au chocolat qu'ils partagent avec un homme qui vient d'arriver avec sa brouette. La fin du chemin se fait à la lumière de la frontale de Nathalie puisque comme hier j'ai oublié la mienne. Rassurez-vous je l'ai remise dans mon sac. Le soir repas au même endroit que la veille : une bonne soupe et un plat bien revigorant. Samedi matin, au marché il y a du nouveau, je goûte au bugnelo, une sorte d'oreillette, de merveille ou de bugne comme dirait les lyonnais ( d'ailleurs le nom se rapproche ). C'est pas mauvais, j'en reprends un. Nous disons au revoir à Carlos qui me demande pourquoi je pars aussi tôt et me serre la main chaleureusement. A 11h nous avons notre minibus pour la Paz.
4 commentaires:
1 - l'api en Provence c'est plutôt le céleri que nous mangeons effectivement accompagné d'une anchoïade.
2 - Papa a retrouvé ce qu'il voulait te demander lorsque tu as téléphoné cet après-midi : comment s'est terminé le match entre le gaillard et le gringalet ?
3 - Toulouse a perdu contre les Irlandais (16-13)
4 - si tu vas dans la jungle, ne lache pas des yeux Gogo et Clara... King kong est peut-être à l'affût.
Bises
Papa - Maman
Zut j'avais pas vu que tu avais déjà le résultat du rugby !
Bon mais alors à quoi ca sert d'avoir une carte, un GPS, un sens de l'orientation affuté si c'est pour se tromper de vallée ;o)
As-tu essayé de rajouter à tes feuilles de coca (nous avons reçu la livraison à Hyères) leur fameuse pâte/caillou ?
Thieu
Matthieu j'ai acheté la pâte mais je ne l'ai pas assayé. en fait il y en a plusieurs sortes : molle le bicarbonate est mélangé avec des arômes : sucrée ou salée, ou la dure plus raide à prendre et plus pour les locaux.
Vous parlez de cocaïne là ? je ne rêve pas ? hi hi hi
Le mariage est-il autorisé entre hommes du même sexe en Bolivie ? Ne signe rien surtout si tu es un peu grisé par l'altitude hein !
Apparemment dans tous les bus du monde il y a un vieux casse-pied agressif ?
Tu as lu "los survivientes" ? Emmène-le pour la prochaine fois où tu te perds dans les sommets...
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